Durant ma journée "princesse" au cours de laquelle les seuls mots d'ordre étaient "thé, lecture, détente et sieste" j'ai pu découvrir le livre de Francis Dannemark en me prélassant dans un bain aussi chaud que moussant. J'avais repéré ce livre avec ma copine Nathalie lors d'une escapade amiénoise, dans la librairie que nous aimons beaucoup toutes les deux. Faisant une infidélité à sa propre librairie, j'avais donc choisi, entre autres, ce titre pour sa quatrième de couverture qui commençait ainsi :
« Je croyais avoir besoin de voyager seul et de rester silencieux vingt-quatre heures pour regarder en face le temps qui passe. En réalité, j’avais besoin d’autre chose. J’avais besoin, je crois, de partager un peu de temps volé avec une aimable inconnue. »
Christopher a cinquante ans, un poil blasé et déçu par son travail qui perd chaque jour de son charme en raison du peu d'intérêt que le monde politique daigne avoir pour la culture. Il prend alors un train qui doit le mener jusque Lisbonne. Il y croise Emma. Une conversation débute, conversation qui prendra fin à lors de leur arrivée au Portugal. Les premiers échanges sont ceux que toutes les personnes courtoises pourraient avoir entre elles. Nos deux personnages évoquent tour à tour leur situation familiale et leur profession, et se confient les raisons qui les ont conduits dans ce train. Politique, littérature et cinéma sont au coeur de la conversation. Puis l'échange devient plus intime, chacun abordant des sujets plus personnels. Entre deux thés, ils sympathisent et sont séduits par l'autre (de mon point de vue ) sans que jamais cela soit clairement exprimé.
La thématique de la rencontre amoureuse a été, est et sera encore pleinement exploitée en littérature. Les premiers regards, les premiers mots échangés sont souvent à l'origine de grandes histoires romanesques. Dans le livre de Dannemark, tout est tu. Le peu de pages qu'il consacre à cette rencontre est un peu trop frustrant à mon goût. Il ne fait qu'effleurer tout ce qui aurait pu être dit. Pour un livre dont le héros déplore les restrictions budégtaires et économiques en vigueur à notre époque, je crains que l'auteur ait cédé à cette même tentation d'économie de mots, en amputant ce huis clos de ce qui aurait pu lui donner tant de charme et de magie. Je m'attendais tellement à trouver une jolie histoire de rencontre, dans l'esprit de Before sunrise (oui, que voulez-vous j'aime ce film d'amour) que la déception se fait légèrement sentir... Peut-être que la suggestion de "ce qui est" ou "aurait pu être" est un choix d'écriture, mais cela est finalement très regrettable et frustrant pour la lectrice que je suis. Du coup, je vous suggère non pas de bouder l'histoire (très agréable au demeurant) , mais au moins d'attendre qu'elle sorte en poche. Quitte à faire des économies...
Bon et comme je suis généreuse... Un petit extrait de Before Sunrise. Enfin.