" Ma vie avec elle, en sa présence fut ma jeunesse,
puis ma vie d'homme, jusqu'à maintenant.
Elle m'a grandi. Aujourd'hui, le ciel est vide.
J'aurais aimé raconter une autre histoire,
mais c'est tout ce qu'il m'en reste et je n'en reviens pas."
Un petit livre lu avant mon départ en vacances. Des journées trop occupées pour mes notes de lectures ont reporté la publication de ce billet.
Le narrateur tombe fou amoureux de la jolie Ava sur les bancs de la somptueuse Sorbonne. Très vite, son coeur s'emballe pour cette brune qui marquera éternellement sa vie. Une histoire d'autant plus touchante qu'on apprend rapidement que les deux amants ne vieilliront pas ensemble.
"Après Ava, j'ai mal placé mon amour. Je n'ai plus aimé. Le vide laissé par son départ est aux dimensions du temps que nous avons passé ensemble. Je la pleure parce que je l'aimais, mais aussi parce qu'elle m'aimait. Ce que je sais d'elle aujourd'hui ne me sert plus à rien et ce qu'elle savait de moi va me manquer. Par son départ, la possibililté de mieux me connaître m'est enlevée. Ce que je sais désormais, c'est qu'Ava était la femme de ma vie. Le constat est effroyable, mais son évidence m'arrache au moins le sourire de la vérité."
Ce livre est l'histoire d'une passion (oui, encore), d'un bel amour qui sera intense, grisant, et ce sans jamais subir les affres du temps. Le narrateur couche sous sa plume des mots d'amour tout en retenue, des souvenirs émouvants ou de petits instants simples partagés avec l'autre. L'écriture vient lutter contre le ravageur oubli qu'il redoute tant, le tout ponctué par une immersion dans le Paris du quartier Saint-Michel et des vers de Baudelaire.
"Souvent, quand on aime, on a beau étreindre l'autre, lui parler toujours, il vous manque encore. Donner sa peau ou ses mots ne change rien. En général, il n'y a pas d'amour heureux. L'amour est inquiet, mendiant, il devient vite un droit à tyranniser l'autre. Nous, nous étions riches de nous voir, dans un bonheur limpide et confiant. [...] Nous nous foutions la paix avec l'amour. Je me demande même si l'on savait qu'on s'aimait."
J'ai beaucoup aimé toute l'aura dégagée par Ava que cet homme retranscrit à merveille. Le narrateur dresse en effet dans ce petit livre un magnifique portrait de femme désirée et aimée, éprise de poésie, très libre et indépendante, fascinante et envoûtante. Une femme fatale, brillante et sans égale. " Une image venait m'entailler: le rire ou la voix d'Ava, sa façon de planter sa cigarette à la commissure des lèvres, le pan de son manteau qui volait, une fossette qui plissait. Son esprit, sa drôlerie, son honnêteté me manquaient terriblement."
Un texte que j'ai profondément aimé, qui m'a touchée et émue. Des mots qu'on voudrait voir un jour écrits pour soi, un petit livre écrin, que je vous invite à ouvrir et lire en espérant qu'il vous interpelle autant que moi...
Bon, vous remarquerez que ce billet regorge de citations.
Imaginez le nombre de traits de crayon dans mon livre...
J'en profite pour ajouter ce titre au challenge amoureux de L'Irrégulière
qui a d'ailleurs beaucoup aimé ce livre... Son billet ici.
Catégorie libre
Pour vos oreilles : A sense of grey by Moddi.
"Brouilles, distance, silence n'étant que les gages d'un jeu éternel.
De s'être quittés, puis retrouvés, il me semblait qu'on ne se quitterait jamais."