"Une lecture estivale sympathique, que j'oublierai sûrement assez vite mais qui reste agréable dans l'ensemble." Voilà les derniers mots que j'avais écrits au sujet du premier Nicolas Rey (Un léger passage à vide) que j'avais lu il y a quelque temps. J'avais de cet auteur, l'image d'un Beigbeder un peu fade et sans le même sens de l'humour et de la formule pour parler d'amouuuuuur... Toutefois, je n'étais pas totalement réticente à l'idée de découvrir son dernier titre et je n'ai pas hésité à répondre un grand "OUI" lorsque Pierre Krause m'a proposé d'écrire une chronique pour ce titre de la rentrée littéraire. (Ce sera peut-être le seul, bien que de nombreux titres me fassent envie sur les étagères de ma librairie adorée.)
Nicolas commence donc son roman (autobiographique rappelons-le) par une conversation avec son éditrice autour d'un projet de roman. Il peine à remplir ses feuilles blanches et doit se mettre activement au travail. Comble de malchance, il ne peut même pas se permettre un rail de coke, car monsieur a digéré sa rupture avec Marion, la mère de son fils, et va mieux, étant passé par la case désintox.
Et tout à coup, voilà que Maud débarque dans sa vie. En un rapide coup d'oeil, un geste et quelques mots, il sait que c'est Elle. Pas d'élans lyriques, de romantisme exacerbé. Non, Maud n'est pas de ces filles-là. Elle jure, boit puis vomit, n'hésite pas à clamer haut et fort que tout Paris lui est passé dessus -même les moches- et ce juste quand elle s'envoie en l'air pour la première fois avec Nicolas. Voilà Maud, dans ses grandes lignes. (ndlr : dans la vraie vie, Maud, c'est Emma, la fille du génialissime Fabrice L.)
Si Nicolas a rapidement la sensation qu'il passera le reste de sa vie à ses côtés, Maud, elle, est très claire : pas d'engagement, de relation "durable". Sexe, alcool, fêtes et amusement sont les mots qui rythment son mode de vie. Sauf que la relation s'installe, la complicité naît et l'engagement s'impose plus ou moins de lui-même au fil des jours. Cela peut-il réellement durer ?
J'ai achevé ce livre cette semaine après deux grosses semaines de boulot sans la moindre occasion d'ouvrir un livre. Je ne pensais pas l'apprécier autant. Hier, en regardant La Grande Librairie (merci le replay), François Busnel, dont Monsieur Rey était l'invité, a dit que ce titre était probablement le meilleur livre qu'il ait écrit. Je n'ai pas assez de recul sur son oeuvre, mais j'ai aimé cet homme qui se prend au jeu des sentiments, se veut fidèle, qui aime et le dit avec beaucoup d'humour et de sincérité teintée de cynisme et de tendre naïveté.
De plus, derrière le fil rouge de l'histoire d'amour s'immisce le discours du père qui s'adresse à son fils et anticipe les grands moments de sa vie, notamment de sa vie amoureuse. De jolis passages à l'image du roman, un clin d'oeil à Gide et des mots qu'on se plaît à relire une fois le livre fermé. Rey voulait faire un livre optimiste, le pari est réussi, et il parvient même à gommer (mais pas encore totalement) le fantôme beigbedien qui planait au-dessus de son dernier livre...
J'en profite pour enrichir mon "Challenge amoureux",
que vous retrouvez chez L'Irrégulière avec un titre qui contient le mot amour.
Merci à Pierre Krause et aux Editions du Diable Vauvert pour cette lecture.