"Mon drame, c'est que tout m'est arrivé par hasard."
Petite pause dans mon carnet de voyage pour un billet lecture. Cela ne sera pas sans lien avec la Sardaigne puisqu'il s'agit d'un texte de Milena Agus. Nombre d'entre vous m'avaient conseillé cet auteur pour ses origines sardes et mon choix s'était donc porté sur son dernier titre, sachant que l'action se déroulait à Cagliari même.
Milena Agus nous dresse un portrait peu flatteur d'une famille sarde occupant le quartier du Castello. Les appartements sont occupés par différents membres de cette curieuse famille qui voit son patrimoine se déliter à petit feu. Tous les personnages sont décrits de façon très caricaturale et ne sont absolument pas ménagés par l'auteur. Voyez plutôt : la Comtesse de Ricotta porte ce sobriquet pour son extrême mollesse et maladresse. Quoi qu'elle fasse, elle est souvent la cible de railleries gratuites et cruelles malgré sa grande bonté. (Et que dire de son fils Carlino...) Noémie quant à elle est une vieille fille nostalgique du passé prestigieux de sa famille, relayant à sa manière la pensée de ceux qui estiment que "c'était mieux avant". Enfin, le couple fou de sexe Maddalena-Salvatore qui n'existe que par le langage du corps et baise à tout va dans l'espoir d'avoir enfin un enfant. Bref, chacun cherche ou attend quelque chose, quelqu'un qui tarde à arriver. Enfin, d'autres personnages secondaires viennent s'immiscer dans leur quotidien et interviennent dans la vie de ces pantins tristes et pathétiques. (Le voisin, Elias...)
Ce roman est présenté comme un texte "où se côtoient désenchantement et magie lumineuse". Mouais. J'avoue être aussi particulièrement désenchantée par ce texte dont la quatrième de couverture était pourtant pleine de promesses. Quel ennui ! J'ai rapidement déchanté à la lecture de ce texte d'une froideur incroyable. Une écriture sèche et sans relief, qui ne prend que très rarement de la hauteur avec quelques pointes ironiques (souvent cruelles.) J'ai parfois entrevu quelques instants d'émotion, quelques mots touchants mais rien de plus. Le quotidien de ce petit cercle sarde malmené par la vie prend une dimension absurde mais hélas sans avoir la grandeur et la puissance comique des maîtres du genre. Quelle décéption pour cette première rencontre avec Milena Agus qui me laisse de glace.
Quelques petits mots tout de même piochés ici et là...
" Elle se sent coupable de ce qu'elle a cru, ou peut-être espéré, mais on ne peut pas condamner quelqu'un pour ce qu'il croit ou espère."
"Je ne suis pas faite pour l'amour. Je ne tiens pas le choc. Moi l'amour, je le hais. Je le hais."
" Personne n'aime pour de vrai. Et quand on aime, ce n'est pas avec passion, c'est toujours pour une raison. Salvatore, pareil, il l'a aimée pour ses seins et son cul, et parce qu'elle est toujours gaie. Maintenant qu'elle est triste et fanée et qu'elle n'a plus envie de faire l'amour, il cessera de l'aimer. Si elle avait eu des enfants, alors oui. Et encore. Il l'aurait aimée par devoir, en tant que mère de ses enfants, et il aurait désiré les autres."
"Elle se souvient maintenant, comment c'est la jalousie, quand le coeur bat la chamade et que les jambes tremblent et qu'on voudrait que tout s'arrête pour cesser de souffrir."