Deuxième session de publication pour mon Défi "On a une relation comme ça Emile Zola et moi" Si reprendre La Fortune des Rougon consistait en une simple relecture, ouvrir La Curée était pour moi une découverte. A l'heure où je referme ce livre, une profonde nostalgie m'envahit. Comment rendre compte d'une lecture aussi intense où les passions et les pulsions nous sont relatées avec tant de virtuosité ?
Mon amour pour Racine et mon admiration pour Phèdre ne sont certainement pas étrangers au fait que j'ai été littéralement passionnée par le texte de Zola. Comment ne pas penser à Phèdre et son amour incestueux pour Hyppolite ? Comment ne pas faire le lien avec cette passion qui la dévore et la ronge ? Les alexandrins de Racine trouvent une autre voix à travers les mots de Zola, qui distille la passion et ses tourments en les transmettant mot à mot, goutte à goutte faisant de son roman un texte profondément sensuel et envoûtant... Chaque terme est mesuré, à sa place et le lecteur à son tour se laisse prendre au piège des emportements de Renée qui meurt d'ennui et qui n'a d'amour que pour son beau-fils Maxime. Comment d'ailleurs ne pas songer à Emma Bovary, autre héroïne qui m'est chère en suivant Renée. Zola ne la ménage pas une seule seconde la malmenant, jusqu'à l'épuisement. Tantôt touchante, tantôt ridicule dans son aveuglement, elle reste toutefois fidèle à ses sentiments quelles qu'en soient les conséquences. Quant à Maxime, qu'elle aura introduit dans les hautes sphères des grandes dames parisiennes et de leurs salons, il incarne l'ambiguité même. Souvent décrit comme une femme, il est un personnage dont l'identité sexuelle demeure trouble et obscure. Il grandit sous les yeux du lecteur en se révélant bien moins candide qu'il n'y paraît, laissant s'exprimer tout doucement le manipulateur en devenir qui sommeille en lui, l'influence du milieu n'étant pas étranger à cette métamorphose.
Enfin, au-delà de la pure narration, s'exprime pleinement le projet zolien. Le sang des Rougon avide de conquête et de gains trouvent en Aristide Saccard (anciennement Rougon) un parfait représentant. Spéculateur sans scrupule, il devient l'emblème de l'argent facile; de l'argent sale dans un Paris de l'époque haussmannienne en pleine révolution architecturale. C'est d'ailleurs un Paris qui renaît que nous dépeint Zola, un Paris qui se modernise mais qui n'est pas sans laisser s'exprimer vices et perversions, rongeant tour à tour les personnages qui s'engouffrent dans leurs propres failles pour mieux se perdre.
La force de Zola réside indéniablement dans le fait qu'une fois La Curée refermée, il semble difficile d'attendre très longtemps pour savourer Le Ventre...
Aussitôt dit...
Rendez-vous en Mars pour Le Ventre de Paris.