C'est grâce au talent de deux mains qu'est née cette jolie BD La Page Blanche. Je connaissais déjà Pénélope Bagieu pour avoir chroniqué plusieurs de ses publications en étant souvent, voire presque toujours enthousiaste. (J'avoue que je me lance les yeux fermés lorsqu'une nouvelle parution est annoncée.) Lisa a d'abord chroniqué La Page Blanche, Eglantine a ensuite acheté le seul exemplaire disponible au salon du livre en me narguant un peu, , puis L' Irrégulière a posté son billet... Bref, il m'a fallu un peu de patience avant de me retrouver en tête-à-tête avec ces pages très attendues...
Eloïse pleure sur un banc quand tout à coup elle se pose la question des raisons de sa présence ici, dans CETTE rue, sur CE banc. En quelques secondes tout bascule. Rien de ce qu'elle est ne lui rappelle quoi que ce soit. Qui est-elle ? Quelle profession exerce-t-elle ? Quelles sont les passions et envies qui rythment son quotidien ? Et pourtant, elle reconnaît encore les rues et les stations de métro parisiennes, certains repères demeurent bien ancrés en elle. Mais rien de ce qu'elle est ne lui évoque la moindre chose. (Amis, famille...) "Une amnésie de cinéma" comme lui suggèrent des spécialistes qui l'envoient très rapidement chez un psy.
Telle une détective, elle se lance alors dans une véritable enquête pour retrouver qui elle est. Le mur de "son" appartement concurrence sans difficulté celui des bureaux de police : photos, mails, chronologie incertaine, liens avec son passé, documents officiels divers et variés. Tout est fait pour retrouver celle qu'elle était. Au fil des jours, elle crée de nouveaux liens et confie son désarroi à Sonia, une de ses collègues. (Eloïse découvre, entre autres, qu'elle est libraire, et rien que pour ça, je l'aime d'amour...) Malgré les informations qu'elle collecte, aucun déclic ne se fait, elle ne se "reconnaît" pas dans ce qu'elle découvre et sa quête d'identité tourne en rond...
Cette BD nous permet de suivre, comme dans Cadavres exquis ou Joséphine une héroïne paumée et à l'humour ravageur (Je pense notamment aux multiples hypothèses toutes aussi extravagantes qu'elle envisage au sujet de son passé ou des raisons de son état...) . Le scénario est plutôt intéressant et la quête d'Eloïse, bien que longue et peu fructueuse nous tient en haleine. L'association de Boulet & Bagieu se révèle un succès puisqu'ils nous offrent un personnage riche, étoffé, qui nous touche et nous fait rire de manière légère, bien que parfois, un sourire triste s'échappe.
Un retour de Moka chez Mango pour la BD du mercredi...