Oui, le gâteau est réalisé par mes petites mains !
Un titre qui m'avait interpellée en lisant quelques blogs que je parcours régulièrement. Un titre plein de promesses et de poésie et une quatrième de couverture qui me parlait en bien des points.
"Le voyage géographique et intime d’un jeune homme qui devient père. Walther quitte la femme qu’il aime pour aller vagabonder du nord au sud, des Flandres laiteuses jusqu’à l’Espagne éclatante. Un voyage qui finira par le ramener, presque par hasard à l’essentiel, vers celle qui a su le laisser partir et attendre leur enfant. Composé d’instantanés d’une grande délicatesse, ce roman est conçu en deux parties : les jours d’errance puis la vie à demeure, les lointains dépaysants et l’art des petits riens."
Ce livre est avant tout l'histoire d'un départ. "L'idée de partir était comme un petit feu de bois placé au centre de son cerveau. Au bout de quelque temps, il comprit que les flammes ne s'éteindraient pas d'elles-mêmes." Un départ sans l'autre, puis d'un retour pour l'autre. La première partie nous entraîne aux quatre coins de l'Europe, sous l'égide des mots de Blaise Cendrars : " Quand on aime, il faut partir." C'est ainsi que nous suivons Walter, des rues rouges d'Amsterdam aux rues envoûtantes de la belle Prague, de Bruxelles à Ostende. Puis, le climat chaud et festif de Barcelone l'enrobe sur un chemin qui n'est autre qu'une profonde quête de soi. Mais... "Walter se dit qu'il est un peu trop seul pour cette joie-là". Les rencontres sont pourtant là, le partage d'une autre vie, d'instants qu'il vit comme tant de premières fois toutes aussi charmantes et exhaltantes.
"Il y a toutes ces choses qui nous remplissent.
Tous ces gens croisés, tous ces paysages.
Ils infusent tout doucement en nous comme
un sachet de thé dans un verre d'eau tiède.
Nous ne nous rendons compte de rien."
Du roman à la prose poétique, il n'y a qu'un pas. Thomas Vinau saisit avec beaucoup de talent et de finesse une tranche de vie décousue marquée par l'errance et le voyage. Le lecteur qui s'attend à trouver dans ces pages une linéarité narrative sera probablement déconcerté car il ne s'agit là que de bribes de vie, de mots impulsifs consignés par le narrateur-poète qui se nourrit de littérature (Camus, Kafka, Simenon l'accompagnent au fil de ses pérégrinations.)
C'est un autre homme qui prend le chemin du retour. Un peu perdu entre inquiétudes, doutes et certitudes. C'est un homme qui va devenir père que l'on suit à travers de très beaux mots.
" Les jours qui passent ont une couleur particulière. Les prémices sont pleines et silencieuses. Quelque chose se fomente. Je m'y précipite calmement. Avec la confiance farouche des bêtes qui se font trahir. Avec mon amour effrayé. Avec ma méfiance du ciel gris qui sait qu'on finit par nous reprendre tout ce que l'on nous a offert. Je la prends au défi, cette vicieuse. Donne-moi les aurores et les nuits, donne-moi les courses sauvages, les tartes aux prunes, les histoires qui s'inventent. Donne-moi l'eau et les cris sous les orages. Donne-moi la musique de ce qui nous revient. Je n'ai pas peur d'ouvrir les bras."
De la figure du grand voyageur au grand moment du retour, ce livre réunit deux regards sur un même homme. Thomas Vinau frappe fort et juste avec ce premier roman qui nous berce de poésie et d'évasion. Un joli moment de lecture qui peut, je pense séduire autant qu'il peut dérouter. Sans nul doute, je fais partie de celles qui sont tombées sous le charme et la beauté de ses mots.
Challenge 1% de la rentrée littéraire.
6/7
Auteur : Thomas Vinau
Editeur : Alma
Date de parution : 18/08/2011
12 € 80
111 pages
D'autres charmées : Leil', Antigone , Asphodèle...
Pour vos oreilles, Elliott Smith Miss Miserly