Comment rater la dernière publication de l'écrivain qui a ravi votre été, de l'homme qui n'est pas étranger au fait de prendre la décision ô combien importante de lire Belle du Seigneur après ses mille et une allusions au fil de ses oeuvres ?
A peine arrivé dans les cartons de ma libraire adorée, le livre m'était réservé d'office. Il faut dire que Nathalie a dû m'entendre encenser monsieur Foenkinos durant toute la période estivale, alors il était évident que je me procure ce livre de toute urgence. Et pourtant, je ne me suis pas jetée dessus une fois rentrée. J'avais besoin d'un peu de temps avant de retrouver ses mots. Et puis, cette histoire familiale allait, pensais-je, m'éloigner un peu de mon besoin de lire des histoires d'amour singulières comme il sait si bien les écrire. J'ai débuté ce livre alors que Marion le lisait également. De message en message, nous avons décidé d'en faire une lecture commune. Après quelques problèmes de timing, nous allons chacune pouvoir découvrir ce que l'autre a ressenti en lisant ce dernier livre de Foenkinos.
"J'étais là, je vivais, mais j'étais comme irrémédiablement attaché à la mort de mon grand-père. Puis les douleurs s'échappent. J'ai pensé à lui de moins en moins souvent, et maintenant, il navigue paisiblement dans ma mémoire, mais je n'éprouve plus le poids au coeur des premiers temps. Je crois même ne plus ressentir de véritable tristesse. La vie est une machine à explorer notre insensiblilté. On survit si bien aux morts. C'est toujours étrange de se dire que l'on peut continuer à avancer, même amputé de nos amours." Le livre s'ouvre sur la mort du grand-père du narrateur et donne toute suite le ton. Foenkinos nous conduit avec délicatesse et légèreté vers un univers qui me charme et me fascine: celui des vieilles personnes qui attendent avec angoisse ou impatience le moment venu de "s'endormir trop longtemps." Le décès du grand--père nous guidera vers le portrait tendre et aimant de la grand-mère dont le périple sera de toute beauté. Et pas à pas, toutes les générations sont dépeintes avec cet art de l'anecdote propre à Foenkinos. La rencontre des parents, leur amour qui s'éteint... La dernière partie du livre en revanche, lui sera consacrée, évoquant ainsi sa rencontre avec Louise et son incapacité à écrire son roman, lui qui ne cesse de mettre en avant la nécéssité de se retrouver pour écrire.
Ce livre est donc le troisième roman de ma rentrée littéraire. Peut-être celui que j'attendais le plus. J'ai aimé retrouver la plume de Foenkinos et j'avoue avoir beaucoup aimé le portrait des grands-parents qu'il a dressé avec brio. J'aime encore et toujours sa manière de parler du monde qui l'entoure en exploitant des thèmes romanesques somme toute assez classiques. Toutefois, sa façon de nous les relater est toujours pleine de fraîcheur et de spontanéité. Sans aucune lourdeur, ses récits nous font souvent sourire: de complicité, de bienveillance ou d'acquiescement. J'ai aussi apprécié ces souvenirs qui ponctuent le texte à la manière d'itininéraires "bis", donnant parfois une place singulière à un personnage qu'on ne mentionnera qu'au détour d'une ligne dans tout le roman. Bref, une découverte encore savoureuse qui j'espère aura plu à Marion...
3/7