Nicolas Rey propose ici un texte autobiographique. Il ne se montrera pas sous le meilleur des angles. Bien au contraire. Comme le titre l'annonce, il insiste sur " ce léger passage à vide" qui a littéralement marqué un tournant dans sa vie. Alcool, drogue et aventures d'un soir, il perd Marion, la femme qui partage sa vie depuis dix ans et qui ne supporte plus l'homme qu'elle aimait. Alors de page en page, sous forme de petites anecdotes, Nicolas s'arrête sur des instants de sa vie : naissance de son petit garçon, complicité avec son Yves Kleber, départ de Marion après une question lourde de conséquences, séjour en cure, rencontre avec Audrey... A travers une forme d'introspection à demi-mot, Nicolas ponctue son récit de petites touches de cynisme et d'humour. Est-ce là un moyen de prendre plus facilement ses distances avec une période difficile ?
L'ensemble de l'oeuvre ne m'a pas totalement convaincue. J'ai eu parfois l'impression d'avoir entre les mains une pâle copie des frasques de Beigbeider, notamment dans son rapport aux paradis artificiels. Toutefois, au détour d'un paragraphe ou d'un chapitre, certaines anecdotes vous touchent, vous interpellent et m'ont sincèrement fait revoir mon jugement général sur le livre.
La déclaration d'amour à Audrey est somme toute très belle et le discours sur la part de féminité qui sommeille en lui m'a fait sourire. Et j'ai aussi beaucoup aimé la manière dont il parle du livre Intimité d'Hanif Hureishi dans les premiers chapitres. Il figure désormais sur la LAL...
" Je suis une femme parce que je craque toujours pour un salopard qui va m'en faire baver avec son air triste, son air de ne pas y toucher alors que juste à côté, je peux avoir le type qu'il me faut, le reproducteur idéal, l'homme fidèle [...] moi, enfermée dans les toilettes consultant mon portable pour savoir si le salopard avec son air triste ne m'a pas laissé un ultime texto, même d'insulte, je m'en tape, qu'il m'écrive une dernière fois et je sors des WC et toute la famille est folle de joie de voir mes larmes qui prouvent le bonheur total dans lequel je nage et surtout, il ne faut rien dire dans ces moments-là..."
" Je suis une femme parce que lorsque c'est terminé, je tourne la page. Définitivement"
En bref, une lecture estivale sympathique, que j'oublierai sûrement assez vite mais qui reste agréable dans l'ensemble.