Changement de programme : ma lecture du mercredi sera consacrée à une BD. Ainsi je participe ponctuellement au Mercredi BD de Mango. Découverte hier un peu par hasard chez ma copine Stéphanie, j'ai eu un vrai coup de coeur pour elle ! Je ne suis pas une grande lectrice de BD mais j'ai l'occasion de rencontrer vendredi un des artistes à l'origine de ce premier tome. J'ai tout de suite aimé la couverture. Le graphisme et les dessins sont somme toute assez simples: une table de jardin, un chat endormi au soleil et deux enfants qui regardent avec beaucoup de tendresse le "Pépé" au regard triste attablé auprès d'eux. J'ouvre la BD et découvre la première planche qui à mes yeux doit être la plus belle de toutes. Nous sommes dans une cuisine et seuls deux fronts ridés, face à face, sont visibles, un vieux buffet en toile de fond. Plan plus large, un couple de personnes âgées qui partage un repas. Une scène du quotidien que l'illustrateur parvient à retranscrire avec cette petite touche d'émotion qui vous renvoie à votre enfance. Et les instants de cet acabit sont récurrents au fil des pages.
Très vite, on comprend que La "Mémé" s'impatiente : aujourd'hui arrivent leurs petits enfants!
Râleur et bougon, le grand-père ne semble pas partager l'euphorie de l'arrivée des deux garnements. A nouveau, j'affiche un tendre sourire: ce "Pépé", c'est mon grand-père. Cheveux blanc, front dégarni, petite moustache grisonnante et sourire pincé. Sa pudeur et sa retenue face aux enfants, son envie discrète de partager des instants de complicité avec eux, son besoin d'isolement quand la présence de l'autre devient vite envahissante...
J'ai aimé retrouver ce contraste entre l'amour de la grand-mère, plus démonstrative et celui de ce vieil homme contenant ses sentiments et ne les dévoilant qu'au compte-gouttes... Bref, une BD aux allures de madeleine proustienne, et des souvenirs comme ça, j'en redemande...
Bonne journée...
Elle écrit. Parce que l'écriture demeure la seule chose qu'il lui reste. Seuls les mots couchés sur le papier lui permettront de se livrer toute entière. Peu importe les conséquences, puisqu'elle sera morte quand le destinataire aura sa lettre en main. Et si le courage de l'envoyer manque, sa déclaration enflammée restera lettre morte.
Retracer fidèlement la genèse de leur histoire: des premiers émois aux rares instants les plus passionnés. Entretenir un souvenir fragile, faire perdurer des instants troublés par le temps. Voilà les raisons qui la conduisent à écrire toute sa douleur. Rongée par l'ignorance et l'absence de l'autre, elle souffre à cause de cet homme libre de toute attache, séduisant sans promesse les femmes entre deux voyages... Cet écrivain préfère se satisfaire de conquêtes éphémères alors que l'amour est là, auprès de lui. Mais il s'agit ici d'un amour qui aliène l'épistolière, et qui l'invite à côtoyer la folie au cours de ses envolées lyriques. Grande figure de tragédienne, c'est d'ailleurs un peu de La Religieuse de Diderot que j'ai retrouvée ici, tout en songeant également aux Lettres portugaises de Guilleragues, dont l'héroïne présente bien des points communs avec son homologue viennoise.
J'ai aimé savourer l'oeuvre de Zweig, apprécier ses mots et suivre cette femme soumise aux tourments de la passion. Son terrible cri d'amour a su me toucher malgré son caractère un peu trop répétitif (Cela se justifie aisément puisque les sentiments de la jeune femme deviennent obsessionnels et destructeurs.) A travers cette langoureuse complainte, Zweig réussit avec brio à se faire habile chirurgien de la passion et à rendre de compte de la douleur qui ne se contente pas de semer le trouble dans les esprits. Au contraire, il souhaite exprimer une douleur plus profonde, ancrée bien au fond du coeur de notre inconnue, en faisant de ce texte un magnifique testament amoureux...
Je viens de voir que la pièce passait à Paris et serais bien partante pour une petite virée théâtre... Si quelqu'un a vu la pièce et/ou a un avis sur la question, faites-moi signe.
L'avis de l' Irrégulière, encore plus enthousiaste que moi...
Jamais d’autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d’arbre à la tombée de la nuit
Jamais d’autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus tu t’éloignes et plus ton ombre s’agrandit
Jamais d’autre que toi ne saluera la mer à l’aube
quand fatigué d’errer moi sorti des forêts ténébreuses
et des buissons d’orties je marcherai vers l’écume
Jamais d’autre que toi ne posera sa main sur mon front et mes yeux
Jamais d’autre que toi et je nie le mensonge et l’infidélité
Ce navire à l’ancre tu peux couper sa corde
Jamais d’autre que toi
L’aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les barreaux de cuivre vert-de-grisés
Quelle évasion !
C’est le dimanche marqué par le chant des rossignols dans les bois vert tendre
l’ennui des petites filles en présence d’une cage où s’agite un serin,
tandis que dans la rue solitaire
le soleil lentement déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud
Nous passerons d’autres lignes
Jamais jamais d’autre que toi
Et moi seul seul seul comme le lierre fané des jardins de banlieue
seul comme le verre
Et toi jamais d’autre que toi.
Corps et biens Robert Desnos
Un mois.
Dans un mois, à la même heure je serai dans un avion qui me mènera à Lisbonne où j'attendrai ensuite ma correspondance pour Sao Paulo au Brésil. Lisbonne où j'étais d'ailleurs en juillet dernier pour découvrir le Portugal et tomber amoureuse de ce pays.
Si l'essentiel des démarches a été réalisé, il me faut maintenant faire face à une donnée plus complexe à maîtriser : l'impatience. Celle de découvrir le pays, des retrouvailles, de tester toutes les sortes de caïpirinha, de goûter aux fameuses soirées brésiliennes, de soumettre mon apprentissage laborieux du Portugais à l'épreuve du terrain, de lire à deux voix dans un hamac, d'utiliser à outrance mon appareil photo, de profiter pleinement du moindre moment passé là-bas...
Et puis, il y a des nouvelles qui arrivent comme ça sans prévenir... 21h04 : un petit message qui vous prend un peu par surprise : Trouve moi un vol pour le Brésil ! Aussitôt dit, aussitôt fait, après quelques recherches et comparaisons de notre correspondant brésilien, la mission "trouver LE billet au prix le plus intéressant " est brillamment remplie ! Du 17 au 31, une exceptionnelle amie sera du voyage et cela me met de bonne humeur pour affronter les semaines à venir ! Seul bémol de cette soirée : moi qui cherchais à dompter l'impatience, elle n'en est que plus vive et intense !
Un après-midi. Un passage dans ma librairie préférée et voilà que Gaëlle me tend un album qui d'après elle, ne peut laisser insensible. La sachant de bon conseil, je feuillette alors le bijou qu'elle me déposait entre les mains: une collection d'instants ou comment retracer une vie en quelques pages...
Il va m'être difficile de parler de cet album tant il m'a bouleversée.
Je ne suis pas mère (et suis loin de le devenir). Ce n'est donc pas sous cet angle que je l'ai lu et qu'il m'a interpellée. L'ayant offert à ma Dom pour la fête des mères, c'est plutôt en pensant à elle que j'ai parcouru le livre.
Pour chacun des moments évoqués me venait une image. Ce livre a fait resurgir en moi de jolis souvenirs et à chaque instant j'avais l'impression qu'un album photos renaissait d'entre les pages, se superposant aux illustrations Reynolds... Certaines phrases, d'une simplicité enfantine, sont pourtant une manière d'évoquer à demi-mot des moments particulièrement poignants et riches en émotions et tellement différents pour chacun d'entre nous qui lirons ce livre : ou comment passer du sourire aux larmes en se contentant de tourner une page.
"Un jour, tu ressentiras une joie si intense que tu en auras les yeux tout brillants."
C'est donc avec la lecture de cet album que nous inaugurons notre nouveau rendez-vous littéraire : Le vendredi, autour d'un thé... avec ma copine Sophie du blog Les Bavardages de Sophie. Je vous invite à aller voir ce quelle en a pensé... Je sais aussi que l'Irrégulière partage mon avis... Le temps étant à l'heure des débuts, je marque aussi mon entrée dans le Challenge d'une autre Sophie plus connue comme la blogueuse du très agréable Délivrer Des Livres. J'ai donc gravi la première marche sur les vingt et une qu'il me reste à franchir pour venir à bout du Big Challenge.
3/20
J'oubliais, la semaine prochaine notre rendez-vous sera gourmand et la POMME sera à l'honneur. Je suis curieuse de voir ce que Sophie va nous préparer... En espérant que vous serez nombreux à notre prochain rendez-vous...
Au milieu de tous les défis tous aussi tentants les uns que les autres qui fleurissent sur la toile, un nouveau rendez-vous littéraire sur la blogosphère va voir le jour… Nombreux sont les lecteurs et les lectrices qui apprécient ces pauses « lectures », au fond d’un confortable fauteuil, un livre entre les mains et une tasse d’un savoureux thé fumant posée sur la petite table basse à leur côté. Eh bien c’est le fruit de ces instants que nous souhaitons vous proposer ici. Chaque vendredi, Sophie (du blog Les Bavardages de Sophie) et moi vous proposerons une chronique commune qui se déroulera dans l’ambiance suivante : un rendez-vous autour d’un thé avant de partir en week-end. Nous bavarderons autour d’une tasse de thé virtuelle pour partager nos avis de lectures… Toutefois, pour ceux qui nous connaissent un peu, vous n’êtes pas sans savoir que Sophie et moi adorons cuisiner… Allez donc faire un tour dans sa rubrique « recettes » et me rendre visite sur mon blog de cuisine : ChezMoka… Ce rendez-vous autour d’un thé, va nous permettre d’allier nourritures terrestres et spirituelles et les vendredis se suivront mais ne se ressembleront pas… Nous consacrerons notre premier vendredi à un rendez-vous livresque. Le suivant mettra en valeur un ingrédient commun de notre choix à travers une recette personnelle. (ni l'une, ni l'autre ne sera au courant de ce que l'autre prépare...) Puis nous reviendrons à un vendredi littéraire. Enfin un dernier vendredi nous permettra d’interpréter à notre manière une même recette. Puis retour à la première étape et ainsi de suite… J’espère que vous serez nombreux à nous suivre et à venir vous installer autour de nos tasses de thé soit parce que vous appartenez à la catégorie des gourmandes chroniques ou des lectrices compulsives (oui, si vous cumulez les mandats comme nous, ce Vendredi autour d'un thé est fait pour vous !) A tout à l’heure pour la première publication de notre duo littéraire et gourmand.
N'hésitez surtout pas à en parler autour de vous !
Ayant relancé mon blog avec un peu plus de sérieux, je tenais à faire le point sur les défis auxquels je souhaitais participer...
Bien évidemment et même si le retard (qui fait partie de moi) vient ralentir ma participation à mon propre défi Zola (que voulez-vous, on ne se refait pas...) je suis toujours bien de la partie...
J'ai toutefois fait le choix de rejoindre Calypso dans son défi Un mot, des titres où vous pourrez trouver toutes les modalités de participation en cliquant sur le logo. Lancement le 1er juin !
Brièvement le principe est le suivant : un mot est donné (le premier par Calypso, les suivants par les autres participants) et l'on choisit un titre de livre contenant ce fameux mot mis à l'honneur. Cela laisse une grande marge de manoeuvre (bon sous réserve d'un mot assez classique bien sûr) et sans pour autant participer à chaque session, l'idée me séduit assez...
Ensuite, je rejoindrai les nombreux participants au défi lecture d'Hérisson consacré aux albums . Je prends à chaque fois beaucoup de plaisir à les lire et espère faire encore de belles découvertes. J'ai déjà deux ou trois titres dont la rédaction est en attente et qui valent vraiment la peine qu'on s'y attarde...
Je vais essayer de ne pas me perdre dans tous les défis proposés et être le plus fidèle possible aux trois choisis... Je me réserve toutefois une marge de manoeuvre en promettant de ne pas dépasser les cinq challenges.
J'édite mon billet car j'avais oublié un défi. MEA CULPA à un blog qui fait partie de ceux que je préfère sur la blogosphère: celui d'Irrégulière qui propose le challenge amoureux. Il faudra pour cela que je lise :
1. Une histoire d'amour mythique.
2. Une histoire d'amour qui finit mal.
3. Une histoire d'amour qui finit bien.
4. Un conte, avec un prince charmant et une belle princesse, qui se marient et ont beaucoup d'enfants.
5. Un recueil de poème amoureux.
6. Catégorie libre: film, écrit, essai, texte érotique...
Enfin, une collaboration étroite et régulière est à envisager avec le blog Les Bavardages de Sophie mais les modalités restent encore à définir... Nous vous en parlerons très rapidement... Affaire à suivre et de très près !
Une petite paire de gants oubliée sur un comptoir. Une tentative avortée de rendre cet accessoire saumoné à sa propriétaire. Des rendez-vous manqués. C'est ainsi que nous entrons dans l'univers d'Accords Sensibles. L'engrenage est lancé, nous suivrons pas à pas chacun des six personnages : Simon, Gordon, Gabrielle, Lester, Hannah, Audrey à la manière d'un film choral, le tout sous fond de musique de Jazz des années 50/60.
L'intrigue est ainsi résumée :
"Une ville, six personnages, quatre variations autour d'un thème éternel : un homme aime une femme qui aime un homme qui... "
Quelques siècle auparavant, Racine exploitait déjà ce lieu commun littéraire. Ne résume-t-on pas Andromaque en annonçant très vite la couleur :
"C’est l’histoire d’Oreste qui aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort."
Si le parallèle avec la tragédie racinienne est ici facile, la passion qui déchaine les personnages de la pièce n'est pas au rendez-vous dans Accords Sensibles. Au contraire. Les sentiments sont contenus, les personnages ont perdu leurs illusions et se contentent de leur quotidien , loin des tourments de la passion où le non-dit devient le mot d'ordre. Lester le coureur de jupons se dit toutefois qu'il serait peut-être temps de vivre plus de trois mois avec une femme, Hannah se lasse de son aventure avec son amant quadragénaire, Gordon reste paralysé dès qu'il se trouve face à une femme qui lui plaît, Audrey ne peut contenir son émotion lorsqu'elle entend la mélodie de Leading note...
Une bande-dessinée de la frustration et des actes manqués où le lecteur assiste de manière passive à l'échec de la vie sentimentale des personnages. Même la musique, omniprésente à travers toute l'oeuvre contribue à la grande mélancolie qui se diffuse au fil des pages. Six vies aussi monotones que le tempo régulier d'un métronome. Et si l'un de nos personnages cherche à sortir du rang, ce n'est que pour mieux retomber dans la solitude... Une tragédie moderne en somme.
Quant aux illustrations, j'ai beaucoup aimé l'atmosphère de la ville, l'ambiance du caveau des Lombards où l'on aurait envie de s'attabler pour y boire un martini en fumant une cigarette vêtue d'une jolie petite robe noire, sans parler de l'expression triste des personnages qui sait vous saisir et vous "piquer" au bon moment... Mention spéciale également au Sketchbook qui retrace la génèse de la BD. Une jolie parenthèse qui fait durer le plaisir de lecture...
Je ne connaissais pas cette oeuvre avant de la croiser chez un libraire que j'aime beaucoup mais je connaissais de nom son auteur puisqu'il a récemment publié une autre bande-dessinée polar, De Briques et de sang , autour d'une enquête qui se déroule au célèbre familistère de Guise. Elle m'attend d'ailleurs sagement sur ma PAL et la lecture d'Accords sensibles me pousse à la découvrir un peu plus vite...
Et pour l'ambiance so Jazzy, je vous laisse savourer une petite vidéo de Chet Baker et du langoureux morceau My Funny Valentine...
Bonne lecture et bon début de semaine...