L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose Avec des coussins bleus. Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace, Grimacer les ombres des soirs, Ces monstruosités hargneuses, populace De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée... Un petit baiser, comme une folle araignée, Te courra par le cou...
Et tu me diras: "Cherche!" en inclinant la tête, Et nous prendrons du temps à trouver cette bête Qui voyage beaucoup...
Parce que de temps en temps, les dimanches poétiques
cèderont leur place aux dimanches musicaux...
Mes lèvres sont mortes d'ivresse Embrasées dans un tourbillon Carillonnant, plein de promesses, Sans confettis et cotillons, Alors que tout autour de moi semblait vibrer tourbillonner, Dans des éclats de rire gras Mes lèvres se sont desséchées Je les avais brûlées pour toi Fardées de rouge et puis d'étoiles, Amassées, cachées sous mon voile A l'aube en te croyant roi
Mes lèvres sont mortes à minuit
Mes lèvres sont mortes d'ivresse, Embrasées dans un tourbillon Carillonnant, plein de promesses, Sans confettis et cotillons, Bien sûr tu m'avais prévenu Venant auprès de moi que toi Tu ne te mettrais pas à nu Que tu venais par désarrois Mais tes mains tu me les tendais, Tes mains trop grandes et tes doigts d'or Je les ai laissées me serrer Elles sont à la taille de mon corps
Mes lèvres sont mortes à minuit
Mes lèvres sont mortes d'ivresse, Embrasées dans un tourbillon Carillonnant, plein de promesses, Sans confettis et cotillons, Quand dans ta nuit tu m'as couché C'est à ma bouche que tu pressais Ta tête lourde et ta douleur J'étais ton ange ta douceur Veilleuse de nuit j'ai posé Mes doigts sur tes yeux enfoncés Car je les sentais exploser Tes yeux, au creux de ta pensée
Mes lèvres sont mortes à minuit
Mes lèvres sont mortes d'ivresse, Embrasées dans un tourbillon Carillonnant, plein de promesses, Sans confettis et cotillons, Ton ange dans ce tourbillon Rêvait quand ses lèvres ont pris feu Elle brûlait pour le réveillon Dans une brèche de tes yeux Mes lèvres sont mortes à minuit Au premier son du carillon Dont les douze coups m'ont réduite En une pluie de cotillons
Mes lèvres sont mortes à minuit Mes lèvres sont mortes
Parce que je suis dans ma période Benjamin Biolay.
Un texte qui me bouleverse. Et en chanson s'il vous plaît...
Ton héritage.
Si tu aimes les soirs de pluie Mon enfant, mon enfant Les ruelles de l'Italie Et les pas des passants L'éternelle litanie Des feuilles mortes dans le vent Qui poussent un dernier cri Crie, mon enfant
Si tu aimes les éclaircies Mon enfant, mon enfant Prendre un bain de minuit Dans le grand océan Si tu aimes la mauvaise vie Ton reflet dans l'étang Si tu veux tes amis Près de toi, tout le temps
Si tu pries quand la nuit tombe Mon enfant, mon enfant Si tu ne fleuris pas les tombes Mais chéris les absents Si tu as peur de la bombe Et du ciel trop grand Si tu parles à ton ombre De temps en temps
Si tu aimes la marée basse Mon enfant, mon enfant Le soleil sur la terrasse Et la lune sous le vent Si l'on perd souvent ta trace Dès qu'arrive le printemps Si la vie te dépasse Passe, mon enfant Ça n'est pas ta faute C'est ton héritage Et ce sera pire encore Quand tu auras mon âge Ça n'est pas ta faute C'est ta chair, ton sang Il va falloir faire avec Ou, plutôt sans
Si tu oublies les prénoms Les adresses et les âges Mais presque jamais le son D'une voix, un visage Si tu aimes ce qui est bon Si tu vois des mirages Si tu préfères Paris Quand vient l'orage
Si tu aimes les goûts amers Et les hivers tout blancs Si tu aimes les derniers verres Et les mystères troublants Si tu aimes sentir la terre Et jaillir le volcan Si tu as peur du vide Vide, mon enfant
Si tu aimes partir avant Mon enfant, mon enfant Avant que l'autre s'éveille Avant qu'il te laisse en plan Si tu as peur du sommeil Et que passe le temps Si tu aimes l'automne vermeil Merveille, rouge sang
Si tu as peur de la foule Mais supportes les gens Si tes idéaux s'écroulent Le soir de tes vingt ans Et si tout se déroule Jamais comme dans tes plans Si tu n'es qu'une pierre qui roule Roule, mon enfant
Petit tête à tête dominical avec un poète dont on ne parle pas assez.... Je vous laisse donc partir à la rencontre de Madame Marceline Desbordes-Valmort, figure poétique du début XIXe siècle.
Les séparés.
N'écris pas - Je suis triste, et je voudrais m'éteindre Les beaux été sans toi, c'est la nuit sans flambeau J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre, Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau N'écris pas !
N'écris pas - N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes Ne demande qu'à Dieu ... qu'à toi, si je t'aimais ! Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes, C'est entendre le ciel sans y monter jamais N'écris pas !
N'écris pas - Je te crains; j'ai peur de ma mémoire; Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire Une chère écriture est un portrait vivant N'écris pas !
N'écris pas ces mots doux que je n'ose plus lire : Il semble que ta voix les répand sur mon coeur; Et que je les voix brûler à travers ton sourire; Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur N'écris pas !
Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon, Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène, D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes, Des femmes se tordaient sous le noir firmament, Et, comme un grand troupeau de victimes offertes, Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages, Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant Montrait à tous les morts errant sur les rivages Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire, Près de l'époux perfide et qui fut son amant, Semblait lui réclamer un suprême sourire Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre Se tenait à la barre et coupait le flot noir, Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, O toi, tous mes plaisirs! ô toi, tous mes devoirs! Tu te rappelleras la beauté des caresses, La douceur du foyer et le charme des soirs, Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses!
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon, Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses. Que ton sein m'était doux! que ton cœur m'était bon! Nous avons dit souvent d'impérissables choses Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées! Que l'espace est profond! que le cœur est puissant! En me penchant vers toi, reine des adorées, Je croyais respirer le parfum de ton sang. Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison, Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, Et je buvais ton souffle, ô douceur! ô poison! Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles. La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses, Et revis mon passé blotti dans tes genoux. Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux? Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses!
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes, Comme montent au ciel les soleils rajeunis Après s'être lavés au fond des mers profondes? - O serments! ô parfums! ô baisers infinis!
Parce qu'il est au coeur de nombreuses conversations avec mes princesses ces derniers temps, parce que Marion l'aime de plus en plus, parce qu'Aurélia lit en ce moment le livre que je lui ai offert, parce que Voyage dans le passé sera une de mes prochaines lectures...
Tristesse du soir, ô toi luth sonore, Âme des Ténèbres, toi confident de la jeunesse,
Tristesse vespérale, ô douleur consolante, Doux compagnon de ma solitude.
Tristesse du soir, ô fraîcheur bruissante, Tristesse du soir, comme je te sens !
Des lèvres enténébrées, de douceur imprégnées, Se sont doucement penchées vers les miennes,
De douces mains avec leur tendre caresse Effleurent mon visage et me font
Frémir plénier déjà dans la volupté en attente Pour m’adonner à ta mélancolie.
Jamais d’autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes En dépit des mutilations d’arbre à la tombée de la nuit Jamais d’autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien Plus tu t’éloignes et plus ton ombre s’agrandit Jamais d’autre que toi ne saluera la mer à l’aube quand fatigué d’errer moi sorti des forêts ténébreuses et des buissons d’orties je marcherai vers l’écume Jamais d’autre que toi ne posera sa main sur mon front et mes yeux Jamais d’autre que toi et je nie le mensonge et l’infidélité Ce navire à l’ancre tu peux couper sa corde Jamais d’autre que toi L’aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les barreaux de cuivre vert-de-grisés Quelle évasion ! C’est le dimanche marqué par le chant des rossignols dans les bois vert tendre l’ennui des petites filles en présence d’une cage où s’agite un serin, tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud Nous passerons d’autres lignes Jamais jamais d’autre que toi Et moi seul seul seul comme le lierre fané des jardins de banlieue seul comme le verre Et toi jamais d’autre que toi.
J'ai presque peur, en vérité, Tant je sens ma vie enlacée A la radieuse pensée Qui m'a pris l'âme l'autre été,
Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Mon coeur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ;
Et je tremble, pardonnez-moi D'aussi franchement vous le dire, A penser qu'un mot, un sourire De vous est désormais ma loi,
Et qu'il vous suffirait d'un geste. D'une parole ou d'un clin d'oeil, Pour mettre tout mon être en deuil De son illusion céleste.
Mais plutôt je ne veux vous voir, L'avenir dût-il m'être sombre Et fécond en peines sans nombre, Qu'à travers un immense espoir, Plongé dans ce bonheur suprême De me dire encore et toujours, En dépit des mornes retours, Que je vous aime, que je t'aime !
:
Au fil des pages, mon univers se construit. Des livres, quelques clichés, des envies d'ailleurs, des rendez-vous dans les salles obscures et des instants musicaux.Bienvenue au milieu des livres...