ENFIN ! Il m'aura fallu du temps pour tourner ces pages et achever ce livre maintes fois commencé, maintes fois reposé. Les vacances d'été et l'envie de relancer le défi Zola ont suffi à me faire relire les cent premières pages que j'avais déjà parcourues et à achever le huitième tome des fameux Rougon-Macquart.
Le début du livre nous plonge dans une pièce chaleureuse pleine de douceur. Un moment de sérénité vite terni par une scène dramatique : une enfant, Jeanne, en pleine crise se meurt. Sa mère Hélène parcourt les rues, totalement désemparée, tentant de trouver un médecin coûte que coûte. Elle trouve alors secours auprès d'Henri Deberle, un jeune médecin (marié) qui parvient à soulager l'enfant. Jour après jour, une grande amitié se crée entre Hélène et la famille Deberle. Toutefois, le lecteur n'est pas dupe : nos yeux ont vite épousé le regard d'Henri tombé sous le charme de cette femme meurtrie à deux doigts de perdre sa fille. "Par derrière, son chignon dénoué laissait pendre des mèches folles jusqu'à ses reins. Elle avait dégagé ses bras nus, pour être plus prompte, oublieuse de tout, n'ayant plus que la passion pour son enfant. Et devant elle, affairé, le médecin ne songeait pas davantage à son veston ouvert, à son col de chemise que Jeanne venait d'arracher." Ces premières pages zoliennes donnent immédiatement le ton : ce sont des pages d'amour, parfois gorgées d'érotisme pour celui qui veut bien lire entre les lignes, que nous allons tourner.
En effet, la passion est là, bien présente et ancrée au coeur des personnages. Hélène ne cessera, en femme aimante mais rongée par le devoir moral de canaliser cette passion qui la dévore. Puis, au fil des moments partagés, elle fera tomber toutes les barrières qui la séparent d'Henri, se livrant à lui et se laissant aller aux émois d'un amour naissant. Jusque-là, c'est une histoire toute classique que nous offre Zola. Mais, c'est sans compter sur la présence, ou plutôt l'omniprésence de Jeanne. Là où la femme d'Henri pourrait être l'obstacle infranchissable pour vivre pleinement leur amour, c'est en réalité la jeune enfant qui viendra étouffer cette idylle. D'un égoïsme sans nom, profondément attachée à sa mère et d'une jalousie maladive, Jeanne incarnera la Morale à ne pas bafouer et jouera de sa santé fragile pour déstabiliser sa mère. L'amour maladif s'immisce alors dans ces jolies pages d'amour. Je ne vous cacherai pas que j'ai détesté le personnage de Jeanne (enfant qui vous dissuade à tout jamais d'en avoir). Elle impose consciemment à sa mère un choix douloureux et la manipule avec cruauté tout en se faisant passer pour une enfant fragile et naïve, elle qui a vite compris les enjeux d'un potentiel remariage de sa mère. Qu'il s'agisse d'Henri ou d'un autre, il n'y a de place pour personne dans sa petite bulle familiale. Une relation bien trop fusionnelle pour être saine en somme.
Et enfin, en arrière-plan, témoin de ces multiples enjeux amoureux, une autre déclaration d'amour voit le jour : celle d'un Zola qui dresse avec poésie et magie, le portrait d'un Paris sublimé par ses mots.
J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce huitième tome qui me/nous mène vers le fameux Nana dont j'attends beaucoup.
Je vous invite aussi à nous rejoindre sans attendre pour poursuivre ce défi zolien. Je publierai mon prochain article le 29 septembre. (La fin du mois me semble une bonne échéance en ce qui me concerne.) J'attends vos liens et vos avis lectures et n'oubliez pas que vous pouvez vous inscrire ponctuellement pour un titre ou un autre. Les inscriptions se font ici.
Les autres lectrices d'Une Page d'amour...
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Farine et fils qui a rejoint le défi avec enthousiasme !
A_Meli_Melow du blog Mon Blog-note qui a "retrouvé ses bons vieux chaussons" en replongeant dans Zola.
Prochain rendez-vous zolien : Nana