Ma culture littéraire dans le domaine de la jeunesse est à perfectionner. J'ai lu tous les Harry Potter (à l'exception du dernier opus que je me réserve pour "plus tard"...), je connais quelques auteurs comme P.Barbeau, E.Balaert, A.Vantal, Thomas Scotto (un de mes préférés !), Maryvonne Rippert (que j'aime d'amour) , C.Roumiguière pour avoir eu l'occasion de les croiser lors de rencontres auteurs/élèves. Je m'intéresse également de plus en plus aux albums que j'aime lire et relire et qui parviennent parfois à m'émouvoir aux larmes... Je n'alimenterai donc pas ici les débats souvent stériles sur la question du statut de la littérature jeunesse dans le paysage littéraire étant convaincue de ses bienfaits et des petits trésors qu'elle nous offre.
Et voilà qu'il y a quelques mois, Hélène, ma collègue doc, les yeux qui brillent et la gorge serrée, m'apprend avec enthousiasme et émotion que l'on va accueillir Jean-Claude Mourlevat courant janvier. Je ne partage pas immédiatement son immense joie, (bien que ravie de rencontrer un nouvel auteur) ne le connaissant que très vaguement et sachant juste que L'Enfant Océan, un de ses premiers livres, était recommandé par les programmes de l'EN à l'époque où la littérature jeunesse avait une place plus conséquente dans l'enseignement du français. Pour être prête pour la rencontre, j'ai tardivement commencé à découvrir ses écrits en ouvrant Le Combat d'hiver. Un choix guidé par la couverture magnifique de la première édition qui m'a immédiatement rappelé Prague et le Pont Charles. (Celle ci-dessus est nettement moins jolie...) Or...
Maintenant, je sais.
Maintenant, je comprends mieux l'enthousiasme d'Hélène.
Maintenant, je veux lire TOUS les Mourlevat.
(Et l'avoir rencontré n'a fait qu'accentuer cette envie !)
Dans un pays dont le nom est tu, dans une contrée lointaine et imaginaire existe un internat où le quotidien est un calvaire pour les orphelins pensionnaires de ce lieu. Les professeurs sont de véritables tyrans et tout semble sous contrôle. Joie et confort ne sont que de lointains souvenirs pour les jeunes qui ont eu le malheur d'être envoyés ici. Rigueur, austérité, loyauté et obéissance rythment la vie de l'internat.
Milena et Helen sont très amies. Très tôt dans l'année, Helen va ressentir le besoin d'aller voir sa consoleuse. La consoleuse est une jolie trouvaille de Mourlevat: trois fois par an, les élèves peuvent sortir de l'internat pour aller retrouver ces femmes aussi énormes que sympathiques afin d'apaiser leurs esprits tourmentés à l'internat. Durant cette visite, Milena accompagne Helen, mais prend une décision de la plus haute importance : elle va décider de ne jamais revenir dans ce lieu liberticide. Elle s'échappe avec Bartoloméo, un jeune garçon de l'internat que les filles ont croisé sur la route qui les menait chez leur consoleuse. Helen, loin de se douter des choix faits par son amie reste bouche bée lorsqu'elle découvre le mot de Milena qui lui demande juste de la pardonner. Dès lors, commencent deux formidables aventures qui tiendront brillamment le lecteur en haleine. D'une part, celle de Milena et Bart, de l'autre, celle d'Helen et Milos qui partent à leur recherche. Mais pourquoi ce pays étrange semble si hostile ? Très vite, le lecteur découvre que les héros vivent sous un régime totalitaire, dirigé avec poigne par La Phalange, un tyran qui a éteint toute flamme de bonheur et de bien-être chez les habitants du pays. Durant la fuite de nos héros, nous apprenons toutefois que ces enfants avaient une raison d'être tous enfermés au sein du terrible internat, particulièrement Milena et Bart, qui portent en eux sans le savoir la clé qui permettra peut-être de réveiller tout un peuple qui sommeille et qui ne demande qu'à se révolter...
Je crois que je pourrais parler de ce livre des heures entières. J'ai lu ce texte avec passion en voulant vite en connaître l'issue tout en me ménageant des pauses pour ne pas le refermer trop vite. Chaque page, magnifiquement écrite, nous entraîne dans un univers souvent très sombre, dans un parcours haletant. Bien sûr, des parallèles avec certains événements historiques pourraient être faits mais ce n'est pas la priorité de Mourlevat, qui veut nous offrir une histoire ambitieuse qui puisse "passionner et surtout ne pas ennuyer ses lecteurs." De toute évidence, le pari est réussi : voilà un texte qui suggère plusieurs niveaux de lecture, ce qui lui confère une grande richesse. Je ne saurais que trop vous le recommander. Offre-le, dévorez-le, conseillez-le à vos élèves. C'est un livre à mettre entre toutes les mains et c'est indéniablement mon grand coup de coeur de ce début d'année 2012 ! Je pense vite m'attaquer à un autre Mourlevat tout aussi encensé par ma copine Marie : Le Chagrin du roi mort.
Je poursuis lentement mais sûrement le challenge musical d'Anne...
![challenge-Des-notes-et-des-mots-4-pola](http://img.over-blog.com/246x300/2/67/17/54/Defi/challenge-Des-notes-et-des-mots-4-pola.jpg)