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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 07:00

http://multimedia.fnac.com/multimedia//images_produits/ZoomPE/9/4/8/9782266164849.jpgEncore un livre à la thématique musicale... 

Fanny est sage-femme et va rencontrer Aurélie et Louis lors d'un accouchement singulier... Touchée par leur histoire, elle restera en contact avec eux et sera amenée à les revoir.

Louis, en dehors du fait qu'il soit un économiste très investi dans son travail, est également professeur de piano. Il donne même des cours et c'est ce qui le conduira à se rapprocher de Fanny, qui souhaite pour une raison bien particulière, renouer avec l'univers musical : une maladie la condamne  en effet à devenir sourde.

Les rendez-vous musicaux se suivent et chaque jeudi Fanny apprivoise les touches du piano droit... Jusqu'au jour ou certaines notes ne seront plus audibles par la jeune femme. Bouleversé par cette élève singulière, Louis va s'investir du mieux qu'il peut pour donner tout son sens à la musique, sans pour autant la réduire à un son...La complicité s'installe, mais pour combien de temps ?

 

Pour un premier roman, inutile de dire qu'il s'agit là d'une belle entrée en matière. Hugo Boris touche à des thèmes universels (maladie, amour, mort) et ne tombe pas dans le piège des clichés. Il crée des personnages plein de blessures qui veulent guérir au contact de l'autre. L'évolution de leur relation est surprenante et il nous tarde de savoir ce qu'il adviendra de nos deux personnages tant Boris parvient à les rendre particulièrement attachants.  En ce qui me concerne, j'ai peut-être été plus sensible à l'univers de Louis que celui de Fanny, qui apparaît souvent sur son lieu de travail au milieu des femmes qui accouchent.... Je pense d'ailleurs que je ne m'arrêterai pas à cet ouvrage et ne tarderai pas à poursuivre la lecture d'autres textes, histoire de confirmer ou non ma première belle impression...

Je laisserai enfin, la conclusion de cette article à Arthur Rimblaud (oui, rien que ça) dont les vers ponctuent le livre, et ce pour mon plus grand plaisir...


"L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain."

 

  En quelques mots...

 

« Elle n’est pas sourde, elle le devient. Rester assise dans une baignoire dont l’eau lentement se retire, s’étrangle avec le vertige d’une toupie. L’œil du cyclone qui la regarde, sa peau qui doucement se granule. Une souffrance à huis clos, un silence à crier où l’on entre malgré soi, comme dans la lumière un insecte affolé. Et voila qu’on se promène du lundi au samedi avec les oreilles endimanchées. Deux tympans habillés pour l’enterrement. »

 

« Les deux contours glissent dans sa main, qu'elle vide sur le sommet du piano. Elle pose ses doigts à plat sur le bois : il est tiède.Louis, d'un geste sûr, fait résonner l'instrument. Elle se sent d'abord aussi indiscrète que derrière une porte, à écouter une conversation personnelle. Elle écoute avec ses mains, mais l'indiscrétion n'est pas moindre. Les vibrations irradient ses doigts, franchissent le poignet, remontent doucement jusqu'au coude, passent, affaiblies, dans l'épaule, viennent mourir dans sa poitrine. Elle sent parfaitement dans ses mains quand le piano s'exclame, ralentit, s'adoucit, ou, au contraire, prend une voix sentencieuse. Elle fait glisser ses paumes sur la planche, dans l'intervalle oblique des barres de table. »

 

Bonne lecture

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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 08:25
Camille aime passionnément Les Liaisons dangereuses. Julien le place justement au rang de chef-d'oeuvre de la littérature. Il n'en fallait pas plus à deux jeunes personnes en quête d'absolu pour se lancer le jeu pervers mis en oeuvre quelques siècles plus tôt par Laclos entre la Marquise de Merteuil et le Vicomte Valmont. Sûre d'elle, impertinente, passionnée de littérature, orgueilleuse, Camille répond avec  enthousiasme aux lettres de Julien.
L'engrenage est lancé, les défis se succèdent. Séduction, manipulation, perversité. Tous les ingrédients laclosiens sont là. En gage de témoignages de leurs multiples conquêtes , les lettres de ruptures des amants abandonnés font office de trophées à leur tableau de chasse.


Inutile de vous dire qu'appréciant particulièrement Les Liaisons dangereuses de Laclos, j'ai eu un peu peur de me lancer dans cette version "moderne " de son oeuvre. Je connaissais Camille de Peretti pour avoir lu son premier titre Thornytorynx (Livre sur l'anorexie) et l'ayant particulièrement apprécié je me suis dit que cela valait la peine de poursuivre ma découverte de l'auteur.
Je n'ai vraiment pas regretté. Camille de Peretti revisite ici avec sa touche de modernité ce merveilleux roman épistolaire du XVIIIè siècle. Elle reprend avec brio la structure des Liaisons et accroche son lecteur dès les premières pages.
De plus, les références littéraires (Camille est une brillante élève d'hypokhâgne) n'ont fait qu'entretenir ce plaisir que j'ai eu à lire ce livre... Un bon moment de lecture... "Bien sûr, ce n'est pas du Laclos " diront de nombreuses personnes. Mais malheureusement ai-je envie de dire, et ce n'est à vrai dire pas le but ici.

La quatrième de couverture chez Stock
.
Julien et Camille sont faits pour s'entendre. Fascinés par la littérature du XVIIIème siècle, élèves brillants, orgueilleux, cyniques et prétentieux, ils ont tous deux la conviction de s'être trompés d'époque. Et surtout une dévorante envie de s'amuser et d'affirmer leur toute-puissance. Alors quoi de plus idéal pour combler leurs aspirations que de se prendre pour la vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil ? Quelques règles, de nombreuses "proies" à séduire, un maximum de "trophées"... Les voilà "partenaires de crime", maîtres d'un jeu cruel dont ils tirent les ficelles en redoutables manipulateurs. Marie, Stanislas, William, Emilie, Hadrien, Diane... autant de victimes de leur association diabolique.
Mais quand les deux adolescents se laissent rattraper par leurs modèles, les nouveaux enjeux les dépassent. Piqués dans leur amour-propre, ils sont incapables de mettre le terme qui s'impose à leur entreprise. Le jeu s'annonce de plus en plus périlleux ; et risque bien de les mener à ce qu'ils redoutent par-dessus tout : devenir des adultes.


Le site officiel de l'auteur.
Les avis d' Antigone, de Florinette et de Bérénice.


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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 23:16
Après une première belle expérience avec Jean-Louis Fournier et son fabuleux livre  Mon dernier cheveu noir avec quelques conseils aux anciens jeunes, j'ai voulu retouver ce ton et ce style qui m'avaient tant plus.

Une fois encore, cynisme et humour noir sont au rendez-vous. Jean-Louis Fournier raconte l'enfant qu'il était et l'enfance qu'il a subie auprès d'un père médecin, alcoolique et aux abonnés absents. Son histoire prend la forme d'épisodes thématiques  et anecdotiques de quelques pages à travers lesquelles il emploie un style enfantin pour évoquer un quotidien dur et éprouvant. Encore une fois, humour et distance permettent de prendre du recul et de lutter contre certaines blessures...


J'avoue que j'ai beaucoup moins apprécié ce livre dans sa globalité. Peut-être parce que le thème de l'alcoolisme me touchait moins, ou peut-être que ce style "enfantin" m'a moins séduite. Sauf qu'en arrivant à la dernière page, la plus touchante à mes yeux, j'ai vu cette histoire sous un autre regard et je me suis dit que cet homme avait vraiment beaucoup de talent. Il arrive à m'émouvoir aux larmes et ce en quelques mots. Peut-être moins avec ce titre, mais je crois que cela ne m'empêchera pas de poursuivre la découverte de son Oeuvre. En définitive, un bel hommage à la figure paternelle, une manière subtile de dire sa souffrance mais surtout d'hurler son amour.

Des blogueurs et des blogueuses ont apprécié ce titre... N'hésitez pas à aller voir ce que Pimprenelle, Majanissa, Eireann, Ys ont pu dire de ce livre...

Belle lecture...!
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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 15:20


Lors de ma dernière sortie en librairie, je n'ai pas pu résister à l'offre estivale des éditions Livre de poche: deux livres achetés, un sac "je ne bronze pas, je lis" (signé Pénélope Bagieu) offert. Oui, vous allez me dire, Moka, ne te cherche pas d'excuses, de toute manière, des livres tu en achètes tout le temps...


Mon choix s'est donc porté sur Le Monde sans les enfants et autres histoires de Claudel.
(Après avoir testé il y a quelque temps le monde "sans adulte" à travers l'oeuvre Les Coloriés d'Alexandre Jardin, je me suis dit qu'une version "sans enfant" pouvait avoir son intérêt...)


De plus, la quatrième de couverture était une véritable invitation à lire le livre...



          LGF - mars 2008 – 153 pages


"Vingt histoires, à dévorer, à murmurer, à partager. Vingt manières de rire et de s'émouvoir. Vingt prétextes pour penser à ce qu'on l'on oublie et pour voir ce que l'on cache. Vingt chemins pour aller du plus léger au plus sérieux, du plus grave au plus doux. Vingt façons de se souvenir de ce qu'on a été et de rêver à ce que l'on sera. Vingt regards pour saisir le monde, dans sa lumière et ses ombres. Vingt raisons de rester des enfants ou de le redevenir.
Vingt sourires.
Vingt bonheurs.
Vingt battements de coeur."


Une fois rentrée, je n'ai pas laissé ce livre passer par ma PAL...Lu très rapidement, ce fut un moment agréable, mais je l'ai pourtant refermé avec une certaine déception.
Je n'ai pas été emportée par ces contes pour "enfants qui ont beaucoup changé". En effet, dans les contes de Claudel, les rêves et l'innocence n'ont plus vraiment leur place. Les enfants sont désenchantés, ne sont plus surpris par le monde des fées qui ont totalement perdu leurs pouvoirs magiques, sont au chômage et qui, par ailleurs sont tellement maladroites qu'elles ne parviennent même plus à faire apparaître un prince charmant...
Je suis donc loin d'avoir trouvé ces 20 bonheurs et 20 sourires... Loin de là. J'ai trouvé que la part d'ombre est bien trop présente dans ces vingt histoires . Bref, derrière la promesse de bonheur à laquelle on s'attend, on se heurte, trop souvent à mon goût, à un pessimisme et une douce tristesse qui n'ont pas réussi à me séduire...
Ce malaise ambiant transparaît en revanche à merveille dans les illustrations de Pierre Koppe, qui a parfaitement saisi l'ambiguité de l'oeuvre de Claudel, dans ses contradictions et ses tensions. Ce livre nous rappelle que le monde d'aujourd'hui ne fait plus toujours rêver, mais lorsqu'il s'agit d'aborder des sujets comme la maltraitance, la mort ou la différence, d'autres textes ont su me toucher différemment.  J'ai davantage apprécié les textes poétiques qui viennent s'immiscer entres les contes  comme Papa, raconte moi le monde et Jaimé.
D'ailleurs, je vous en laisse un petit extrait...

" Dis, Papa, c'est quoi la mort ? "
Une erreur, une maison dans laquelle on s'endort
Un songe un grand oubli
Un vieux malentendu
Un chien très fatigué qui oublie sa douleur en se couchant heureux
Près d'un feu un beau soir.



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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 10:40
Voilà un livre qui n'a pas eu le temps de passer par ma PAL.
En vacances chez mes tantes dans un petit coin de paradis, j'ai toujours le terrible réflexe de parcourir les bibliothèques. Et si ma valise est déjà lourde des quelques livres amputés à ma gigantesque PAL, j'ai beaucoup de mal à résister à l'appel des bibliothèques familiales et des nouveaux livres qui me narguent sans vergogne. Voilà donc l'heureux élu du jour.

Mon dernier cheveu noir (avec quelques conseils aux anciens jeunes) de Jean Louis Fournier est un livre qui vous prendra tout au plus une heure et demie de votre temps, un moment très agréable à passer.
Pas de chapitres dans ce livre, chaque moment de réflexion est ponctué de petits aphorismes sur la vieillesse.
"Moins on a de souffle, plus on a de bougies à souffler soupire le centenaire."
" Consultez votre médecin avec modération. Sachez qu'à force de chercher, il va bien finir par vous trouver quelque chose. "
" Passé un certain âge, utilisez le présent de préférence au futur qui n'est pas sûr. "
"Vieillir s'écrit avec deux ailes."
Jean-Louis, 60 ans, prend conscience du temps  qui passe, des "dommages" de la vieillesse infligés au  corps, et pose son regard, non dépourvu d'humour, sur l'homme qu'il est devenu.

En quelques pages, le ton et l'esprit du livre sont donnés. En se cachant derrière des remarques très drôles , l'ironie et le cynisme, l'auteur se livre et nous confie ses angoisses. Mort, maladie, vieillesse, rêves, désillusions, retour sur l'homme qu'il était, toutes ces thématiques sont évoquées avec beaucoup de finesse et de jeux de mots.
Sans s'apitoyer sur son sort, l'auteur à travers ses peurs, ses doutes, nous livre un véritable hommage à la vie, une invitation au célèbre CARPE DIEM.

Ce qui m'a touchée dans ce livre est je pense la capacité de l'auteur à nous faire rire en quelques lignes sur des sujets qui finiront par tous nous concerner, puis à nous émouvoir quelques lignes plus tard, tant certains faits énoncés sont touchants et d'une vérité profonde et assassine.
Ce livre a l'avantage de pouvoir nous toucher, à différents niveaux et ce , quel que soit notre âge... Il est passé de main en main en quelques jours ici, et toutes les personnes (de 20 à 75ans) qui ont lu ce livre ont été séduites. J'ai aimé entendre rire ma grand-mère, voir sourire ma mère et entendre mon père (un non lecteur qui s'assume) relever des phrases ou des passages qui l'ont interpellé. Nous n'avons cessé d'échanger nos impressions de lecture et ce fut un beau moment de partage autour d'un livre qui a su trouver son public.

J'ai particulièrement aimé deux passages, celui de la photographie et du toboggan.  Je vous en laisse ici quelques lignes...

" J'ai retrouvé la photo du petit morveux que j'étais il y a cinquante ans. Je le regarde. Il me regarde aussi. Dans ses yeux il y a de l'arrogance. Peut-être qu'il ne se reconnaît pas, qu'il me prend pour un étranger. Ou alors pire, il a honte. Tu as honte de moi ?
Regarde-moi bien p'tit con, tu sais pourquoi je suis dans cet état là ?

Tu vois mes dents foutues ? C'est à cause de tous les bonbons que t'as bouffés.
Tu vois mon nez rouge ? C'est à cause des cuites que t'as prises tous les vendredis soir depuis que tu as quinze ans.
Si je tousse, si j'ai les doigts jaunes, c'est à cause de toutes les cigarettes que t'as fumées en douce dans les chiottes.
Ne réponds pas "T'avais qu'à pas continuer", je te fous ma main sur la figure."

" Quand on est petit, on adore les toboggans. Comme les marches sont trop hautes, on n'est pas capable d'atteindre le haut du toboggan tout seul, on pleure pour qu'on nous y monte. [...] Quand on grandit, on monte tout seul en haut du toboggan, on descend des centaines de fois sans lassitude. Cinquante ans plus tard je suis arrivé en haut du toboggan, beaucoup plus haut celui-là. Cette fois, je n'ai plus trop envie de me laisser glisser. J'aime mieux ne pas imaginer la descente, j'ai la trouille de partir les pieds devant. Je ne devrais pas. Peut-être que mes parents, descendus avant moi, m'attendent en bas. "

Et puis, pour les plus curieux, je vous laisse le soin d'apprécier la rencontre avec Alice,  la scène du mariage de sa fille, les "Derniers conseils avant de s'envoler"...
Un très bon moment de lecture à partager...

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 09:35
L'édition Masse critque chez Babelio et les éditions Julliard ont fait des heureux/se dont je fais partie.
J'ai donc eu le plaisir de recevoir l'oeuvre de Danièle Saint-Bois Marguerite, Françoise et moi.


Je vous avoue que si j'avais dû m'en tenir à la couverture, je n'aurais probablement jamais ouvert ce livre... Mais j'aurais fait une belle erreur...
En effet, j'ai pris un immense plaisir à lire ce livre, récit à la première personne.
La narratrice était "nécrivain" (non non pas de faute de frappe, vous ne rêvez pas). N'ayant plus l'envie ni le goût d'écrire, la voilà derrière le comptoir d'une boulangerie où elle aide Patricia (boulangère passionnée par son métier et dont l'amour des livres a séduit notre "nécrivain" en perte d'inspiration...) Je vous renvoie au chapitre "les livres stars de la boulangère" que j'ai adoré.


Critique du monde des livres, humour et distance face  à certaines personnalités du monde littéraire (classique ou contemporain), Danièle de Saint-Bois m'a fait passer un très bon moment. Les petits clins d'oeil plus ou moins incisifs, de nombreuses anecdotes parcourent toute son oeuvre et je me suis beaucoup amusée à deviner (sans trop de difficultés tant certaines allusions sont évidentes) ceux et celles qui se cachaient derrière les noms "floutés".
Et puis j'ai également beaucoup aimé ces passages très ironiques au sujet de "NSP", appelé aussi "LUI le 19ème", ce ton volontairement critique et ces remarques acerbes - mais joliment dites et rarement gratuites - qui me renvoient à ma PAL et au livre de Rambaud Chronique du règne de Nicolas Ier qui m'attend depuis le salon du livre...

Oui, vous l'avez devinez, ce livre a su me plaire à différents niveaux. L'histoire est plaisante et agréable à lire, le regard sur le monde des livres est un thème qui me plait toujours, tout comme le discours sur le livre
et ce qu'il peut nous apporter. J'aime sa manière d'évoquer Marguerite Yourcenar et Françoise Sagan, la critique politique... Chacun peut s'y retrouver...

J'édite mon article pour vous envoyer vers un autre blog qui a une belle histoire à vous raconter avec ce livre...

Un petit avant goût...

... Du côté des livres.

"C'était mon premier livre acheté. La première pierre d'une bibliothèque [...] A cette époque-là on trouvait en poche Gide, Carco et Montherlant. Maurois. Mauriac. Ah Thérèse Desqueyroux ! Bazin, Le Noeud de vipères. [...] Et tant d'autres. Je les ai tous lus, quelquefois sans plaisir de lecture mais palpitant(e) d'émotion et du bonheur de tenir cet objet-là, un livre. Un vrai. Fait de papier, de carton, de colle, d'encre, de couleurs. Un livre à moi. Mieux qu'un trésor. Un passeport pour un autre monde. J'ai respiré jusqu'à l'overdose tous les livres que j'ai achetés. Respiré vraiment avec le nez coincé dans le livre entrouvert  juqu'à la ligne du fond, jusqu'à la fente séparant les deux pages. "

... Du côté du nécrivain.

"Donc je me consacrais soi-disant entièrement à l'écriture, tout en m'occupant, ce qui n'était même pas sous-entendu, de ma maison, de mes enfants, de mes petits-enfants, de Camille, de mes amis, du jardin [...] L'écriture, vraiment, c'était ma vie, les livres étaient en moi et hors de moi, dedans, dehors, dans les milliers de milliers de circonvolutions de mon cerveau et sur tous les étals du monde [...] tous les secrets de l'univers et peut-être étaient-ils à proprement parler le verbe, donc la chair. Et le verbe s'est fait cher. Et rare. Pourtant, depuis toujours, du plus loin que je me souvienne, les livres m'accompagnaient. Et leur chanson était la mienne."

... Du côté de "Notre Seigneur Premier"

"Comme l'a dit Notre Seigneur Premier nous mettons tout en oeuvre pour vous saigner jusqu'au dernier, - non, le Doucereux, ça ne compte pas et toute la tripotée de clones : Onctueux le Verbeux, Méchantloup le Rouquineur, ça ne compte pas. Ah, ne me laissez pas deux heures avec eux, avec elles, nez à nez avec l'Onctueux, le Rouquineur, le Doucereux, le Premier Communiant, oeil pour oeil, dent pour dent avec les Favorites: les Valérie, Roselyne, Rama, Nadine, Christine, Rachida,
oeil pour oeil, dent pour dent, elle me lacéreraient, m'éborgneraient, m'écrabouilleraient, piétineraient ma cervelle avec leurs jolis talons aiguilles. Deux coups de Vuitton sur la tronche pour ne pas perdre la main et pour me pendre aux crochets sertis de diamants de la salle des dorures, deux trois Hermès noués ensemble." 

Oui, le ton est donné.



Les avis d'EmiLie et de Sappho.
Bonne lecture !
livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 08:00
Le choix d'un livre se fait parfois par hasard, au fil de nos errances en librairie, sur les conseils d'un ami, après la lecture d'un article de blog.
C'est encore France Inter qui se trouve à l'origine de cet achat...  En effet, je ne sais quelle émission évoquait le cinquantenaire du décès Boris Vian et les concerts rendant hommage à ses textes.
Bref, voilà Mademoiselle Moka qui se dit au volant de sa petite micra qu'elle n'a pas lu d'autres Vian que l'Ecume des jours et qu'elle aimerait découvrir d'autres titres...
Comme il suffit de peu de choses pour me convaincre de passer dans une libraire, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, voilà que deux Vian s'ajoutent à ma PAL !
Sinon, je m'excuse pour ce manque de régularité dans la publication... La fin d'année est très chargée et je compte bien sur les vacances pour remédier au problème...
Merci à Hérisson d'avoir pris de mes nouvelles... :-)


Ce Conte de fées à l'usage des moyennes personnes est placé sous le signe de l'humour et du burlesque. En effet, dès le premier chapitre, l'auteur annonce la couleur... : "Le premier chapitre n'est pas de moi" , il ne manque pas se souligner que le troisième ne mérite pas d'être écrit car "sans intérêt." Bref, un vrai jeu avec le lecteur à travers une oeuvre qui se joue des codes littéraires du conte.
Nous suivons notre pseudo héros au fil de ses errances et de ses aventures rocambolesques. Les rencontres improbables s'enchaînent de manière volontairement peu crédibles et incongrues... Une seconde version (inachevée) est même proposée...
Si l'humour de Vian est indéniable, j'ai également beaucoup apprécié les illustrations qui accompagnent le texte, chose rare dans les livres de poche.

Bref, un texte où le sérieux n'a pas sa place, et l'on comprend pourquoi lorsqu'en lisant la préface, on découvre le contexte dans lequel ce livre est né. Ici, le conte retrouve une de ses premières fonctions  : la distraction du lecteur et le plaisir  enfantin de s'entendre éternellement raconter des histoires....
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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 07:30
Voilà un livre découvert par le biais de Ulike et des éditions  Naïve que je remercie à nouveau...

Un livre très particulier pour un sujet pour le moins étrange, même s'il n'est pas sans réveiller en nous des souvenirs de faits-divers.
Notre protagoniste est professeur et mène une vie des plus ordinaires.
Un jour, lui vient une envie subite de mordre. Mordre non pas pour savourer le goût des choses, mais pour le simple plaisir de planter des dents dans la matière.
Fleurs, fruits, objets, papiers, meubles tout y passe, l'objectif étant d'assouvir cette pulsion qui s'accroît de jour en jour. Oui, voià un personnage pour le moins loufoque, je vous l'accorde.

D'une simple pulsion, cet acte devient indispensable à son équilibre et finit par tourner à l'obsession. L'auteur dépeint brillamment l'évolution psychologique du personnage (avec une rigueur quasi scientifique ) qui se laisse entraîner dans un cercle vicieux qu'il ne parvient plus à contrôler.

D'autant plus que son chemin croise celui de Jimmy, un type complètement paumé, que la vie n'a pas épargné. Cet étrange personnage n'a trouvé qu'un seul être capable de partager sa vie: un rottweiler peu amical au premier comme au second regard. Un molosse que nous n'aimerions pas croiser au détour d'un jardin public et encore moins le soir dans une ruelle peu éclairée.

Leurs chemins et leurs vies n'étaient donc pas faits pour se croiser, et pourtant. Dans sa fascination inconditionnelle  et inexplicable pour les morsures, notre professeur sans histoire va pourtant sympathiser avec ce Jimmy qui ne lui inspire pas vraiment confiance. Peu importe les a priori, Jimmy possède un animal qui le laisse admiratif et qui l'envoûte, et cette amitié inattendue est un moyen pour lui d'assouvir pleinement sa passion.
Un rapport amical s'instaure donc entre les deux hommes, jusqu'au jour où tout bascule.

L'obsession du personnage prend une ampleur considérable au fil des pages. Chaque page tournée apporte une intensité aux troubles du héros pour finir par atteindre son paroxysme. Un livre très prenant pour un thème qui pourtant ne me plaît pas nécessairement. Mais ce livre vous happe et c'est là la vraie performance de l'auteur.
Tout comme le héros est entraîné dans une histoire totalement ahurissante, le lecteur n'est pas épargné et partage le trouble du personnage
-le récit à la première personne aidant-  s'imiscant dans ce malaise ambiant qui glace parfois le sang.

J'ai lu ce livre d'une traite. Style, ryhtme, histoire haletante, je suis agréablement surprise même si je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai été complètement séduite. La scène finale est plutôt violente et les images suggérées par les mots sont frappantes. Le personnage de Jimmy m'a vraiment destabilisée, notamment au moment où le professeur se rend compte de sa perversité.

Une question se pose alors au lecteur:  le narrateur parviendra-t-il à prendre le dessus sur des pulsions qui ne cessent de gagner en intensité ? Le leitmotiv final apporte selon moi, un début de réponse...

Un autre avis, celui de Celsmoon.

Bonne lecture !


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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 07:00
C'est vraiment par hasard que j'ai trouvé ce livre dans ma petite librairie adorée... J'aimais beaucoup la couverture et le résumé m'a très vite convaincue et hop le voilà aussitôt en haut de ma PAL avec un article rien que pour vous...

La Varienne est une idiote, une demeurée comme il plaît aux autres de l'appeler. La Varienne n'a aucune instruction, s'est enfermée dans un silence profond,  ne possède presque rien: son trésor le plus précieux est la présence de sa fille Luce à laquelle un amour immense la lie... Elles sont inséparables malgré le silence qui les entoure, leurs seuls échanges se limitant à quelques gestes, regards ou petites attentions maladroites. Une vie figée, et certains vont même affirmer à leur sujet qu'inéluctablement, les demeurés font des demeurés...

Mais ça c'est sans compter sur Solange, une institutrice passionnée qui va refuser cette situation et qui va vouloir sortir Luce de cet univers qui lui semble inacceptable.
Arrive en effet le jour où la Varienne se voit dans l'obligation de scolariser sa fille, événement qui va venir bouleverser cet équilibre qui jusqu'à maintenant les retenait dans ce cocon familial.

Solange va vouloir ouvrir une nouvelle porte à la petite Luce, lui faire découvrir les mots et le langage en lui offrant ce qu'elle n'a jamais eu: l'instruction. Lecture, écriture tout un monde s'offre à Luce. Mais est-ce bien là ce dont elle a besoin ? N'est-ce pas un univers trop éloigné d'elle pour qu'elle parvienne à déclencher chez elle cette soif d'apprendre ? ("Voeu pieux" de nombreux enseignants...?)
Ce travail de longue haleine que va essayer de mener Solange finira par porter ses fruits, pas nécéssairement comme elle l'attendait, mais surtout à quel prix ?

Un récit dont la brièveté sublime une histoire poignante et bouleversante. Jeanne Benameur pose ici de grandes questions sur les limites de l'enseignement et sur la difficulté à passer d'un univers à un autre sans qu'il n'y ait des conséquences parfois irrémédiables.
Un texte que je vous conseille, une magnifique découverte, un vrai coup de coeur qui ne laisse pas son lecteur indifférent...D'ailleurs, Leiloona et Gio partagent réellement le coup de coeur !  Ce livre a reçu le Prix UNICEF en 2001.
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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 00:17

Les nouvelles publications de Besson ont toujours un goût d'inattendu. Je ne sais jamais exactement quand elles doivent paraître mais j'ai toujours le même sourire quand j'aperçois le dernier livre parmi les nouveautés de mon libraire. Sans même regarder l'auteur ou le titre, je sais immédiatement à qui attribuer le fameux ouvrage, les couvertures de Besson ayant "ce petit quelquechose" de particulier. Ici, Besson retrouve Hopper, peintre qu'il avait choisi pour certains livres que les fidèles lecteurs connaissent (L'arrière saison, Un instant d'abandon.).

Nous retrouvons donc l'univers américain bessonien mais pas où nous l'avions quitté dans Un homme accidentel. Nous voilà plongés dans l'Amérique des années 50 à 70, entre la Louisiane et le Mississipi.
Cette Amérique fascinante, celle de Marilyn,  Martin Luther King mais également cette Amérique plus sombre du Ku Klux Klan , de l'assassinat de Kennedy...

Deux garçons, Thomas et Paul vont grandir ensemble et s'aimer comme des frères, sans aucun secret l'un pour l'autre, toujours là, l'un pour l'autre. Une de ces amitiés inconditionnelles et sans faille comme on aime les dépeindre en littérature.
Et pourtant.. C'est souvent ce que l'on assure être indestructible qui se révèle être plus fragile qu'on ne l'imaginait...

Une fois de plus Besson aborde le thème indémodable du triangle amoureux tout en essayant d'analyser au mieux les sentiments qui bouleversent les personnages. Néanmoins, je trouve que ce triangle a peu d'envergure et qu'il s'efface considérablement derrière le duo ambigu que forment Paul et Thomas.

Philippe Besson est un auteur que j'apprécie particulièrement, que je lis depuis longtemps et que j'ai eu l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises (pour mon plus grand plaisir) lors de séances de débats/dédicaces. J'aime sa manière de traiter les relations humaines, les liens très forts (amoureux, fraternels, amicaux...) qui nous unissent à l'autre... C'est un thème fondamental dans son Oeuvre.
Or, dans ce dernier livre, je n'ai pas vraiment été séduite par l'histoire. Dès le départ, on devine  dans ses grandes lignes quelle sera l'issue de ce trio et malgré les tentatives de Besson pour laisser planer un certain mystère en suscitant notre curiosité, je n'ai pas accroché.
Néanmoins, certains passages en valent vraiment la peine. La toile de fond américaine offre à ce roman un cadre formidable et nous voyageons grâce au narrateur. Besson sublime l'Amérique et rend parfaitement compte de son admiration pour elle. De plus, il construit son histoire sur une durée particulièrement longue (plusieurs dizaines d'années.) ce qui offre un regard sur certains événements qui ont marqué l'histoire des USA. De ce point de vue, le roman vaut le détour, vraiment.
Je ne vous encourage pas à commencer par ce livre pour découvrir Besson. Je ne saurais que trop vous recommander son magnifique Jours fragiles, et, pourquoi ne pas  y revenir plus tard, après avoir découvert certains textes à mon avis plus touchants et un peu moins "prévisibles" que celui-ci.

Pour finir quelques Hopper, que j'aime particulièrement...



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