Au fil des pages, mon univers se construit. Des livres, quelques clichés, des envies d'ailleurs, des rendez-vous dans les salles obscures et des instants musicaux.Bienvenue au milieu des livres...
Ma première expérience avec Yasmina Reza remonte au lycée. Ma soeur faisait du théâtre et lors de sa représentation, certains apprentis acteurs avaient repris une scène d'Art. J'avais esquissé quelques sourires sans pour autant être totalement conquise. Et c'est le Prix Relay / Europe 1 des voyageurs, auquel je participe qui m'a permis de retrouver Yasmina Reza avec sa toute dernière publication Heureux les heureux. Couvert d'éloges par la presse, ce livre connaît moins de succès chez les blogueuses qui sont loin d'être convaincues. Je partais donc à reculons dans cette lecture mais bien décidée à me faire un avis. Voilà qui est fait et il faut dire que ce billet ne va pas venir contribuer à sa popularité bloguesque...
A travers une vingtaine de chapitres, Y.Reza dresse des portraits ordinaires de héros sans panache. Ça bavarde, ça s'interroge, ça échange sans faire réellement avancer les choses puisque chaque chapitre vient vite mettre un terme aux portraits esquissés qu'on retrouve parfois un peu plus tard, par bribes... Il m'a presque été impossible de m'attacher aux personnages, en dehors de quelques figures qui hélas se fondent dans une masse qui génère trop peu d'enthousiasme. On passe alors d'un chapitre à l'autre, dubitatif, parfois libéré d'une narration saccadée qui dérange... La plume ne me séduit pas, la magie n'opère pas. Et pourtant, certains thèmes abordés sont de ceux qui d'habitude trouvent chez moi un regard attentif. Vie de couple, amants sans envergure, mal être et souffrances, angoisses et obsessions, des idées fortes qui ne parviennent pourtant pas à trouver leur chemin jusqu'à moi.
Quelques mots...
"Si elle savait comme Roquebrune a perdu toute signification pour moi. Comme ce passé s'est dissous et volatilisé. Deux êtres vivent côte à côte et leur imagination les éloigne chaque jour de façon de plus en plus définitive. Les femmes se construisent, à l'intérieur d'elles-mêmes, des palais enchantés. Vous y êtes momifié quelque part mais vous n'en savez rien. A l'heure de l'éternité il nous faudra raconter une histoire de jouvenceaux. Tout est malentendu, et torpeur. - N'y compte pas Jeannette. Je disparaîtrai avant toi heureusement. Et tu assisteras à ma crémation."
"Je suis fatigué Odile... Éteins. Éteints bordel. Il se recroqueville sous les draps. J'essaie de lire. Je me demande si le mot fatigué dans la bouche de Robert n'aura pas contribué à nous éloigner plus que n'importe quoi. Je refuse de lui donner une signification existentielle. On accepte d'un héros de la littérature qu'il se retire dans la région des ombres, pas d'un mari avec qui on partage une vie domestique."
" Sa façon d'être allongée, de rabattre un oreiller sous sa tête, de s'envoyer la lampée de Cognac. Son rire, son visage exténué. J'ai pensé, elle est à moi. Mon petit maître Toscano. Je me suis couché sur elle, je l'ai embrassée, déshabillée, on a fait l'amour avec la gueule de vois et c'était juste la bonne dose de douleur."
Livre lu dans le cadre du Prix Relay / Europe 1,
Les avis des copines: