Troisième livre de la sélection pour
le Prix du roman français Confidentielles 2012.
Une couverture et un titre qui ont rapidement attiré mon attention : une tasse de thé, des couleurs vives. Encourageant. Le livre de Claude Keller est le troisième que je découvre dans le cadre du prix du roman Confidentielles . Si Juste avant de Fanny Saintenoy ou La Petite de Michèle Halberstadt sont des récits plus intimistes voire à dimension autobiographique, Vous prendrez bien une tasse de thé se révèle être d'un tout autre ton.
Les premières pages nous offrent rapidement une cascade de personnages, qui, à la manière d'un film chorale finiront par tous avoir des liens entre eux ou avec un événement important de l'intrigue. Ces différents visages aux parcours bien éclectiques nous conduiront dans un immeuble bourgeois : l'appartement d'une vieille veuve en manteau de fourrure, une famille rongée par l'alcool, une jeune junkie, un camé, un couple "illégitime"...
Ajoutez à cela un jeune couple (Ben et Dora) que tout oppose qui s'invite chez l'un des habitants en dépit des conséquences dramatiques que leur présence engendrera... Et en arrière-plan, un Sigmund Freud fantôme, qui observe cette valse lente de personnages un peu paumés dans ce bas monde, subissant leur quotidien pesant... (Bon, là, je ne vous cache pas que je cherche encore l'intérêt de la présence de Freud dans le livre.)
Cette histoire n'est pas sans me rappeler la pension Vauquer de Balzac ou l'immeuble de Perec dans La Vie mode d'emploi. Chaque étage, chaque appartement cache bien des personnages qui pourraient être de véritables "objets" d'études sociologiques. Un roman qui se révèle être le portrait d'hommes et de femmes que la société moderne a peut-être un peu trop abîmés. (Comme j'ai aimé le personnage de Ben ! )
Voilà une lecture qui me laisse un sentiment ambigu. Pas toujours conquise par l'écriture, j'ai tout de même apprécié certains passages d'une beauté incroyable, quelques petites pépites trouvées ici et là. L'intrigue assez triviale et banale est parfois brouillée par la multiplicité des points de vue adoptés dans un même chapitre. Un roman dont les personnages et histoires fourmillent, et qui nous perd un peu, tout en ayant la surprenante capacité de nous tenir en haleine jusqu'au bout. Un texte curieux que j'ai apprécié sans pour autant en faire un coup de coeur.
Auteur : Claude Keller
Genre : Roman
Editeur : Plon
Collection : Littérature française
Prix : 18.50 €