Dernier volet de mon escapade polonaise. Il a toujours été question pour moi de me rendre en Pologne pour "visiter les camps" depuis que j'ai lu mes premiers romans ou témoignages sur le sujet, encore plus depuis que j'enseigne. C'est une période de l'Histoire que j'aime travailler avec les trolls car s'ils "connaissent" les camps, ils ont encore tout à apprendre. C'est une époque qui les fait beaucoup parler et leur spontanéité mérite de trouver du répondant. J'appréhendais vraiment cette visite, ne sachant pas comment j'allais la vivre tant les écrits que j'avais pu lire me donnaient la nausée.
La visite d'Auschwitz Birkenau prend environ trois heures pour le commun des touristes. Il faut compter 1h30 pour chaque camp. Une navette vous conduit d'un camp à l'autre. (Il existe aussi une "visite d'étude" de 8h pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet.)
Lors de l'achat de vos billets, vous signalez votre nationalité et l'on vous donne une heure pour rejoindre un groupe pour une visite guidée. (La visite de groupe est obligatoire entre 8h et 15h). Un conseil, partez assez tôt le matin. Nous avions bien 1h/1h30 de route en venant de Cracovie (en bus) et nous avons pu rejoindre le dernier groupe de visite de la journée. (Soit vers 13h45 il me semble)
Je ne vous cache pas que j'avais plutôt envie de déambuler librement sans "subir" le reste des visiteurs mais ce fut finalement une bonne surprise. Avant de partir, nous recevons chacun un petit récepteur et un casque audio qui nous permet d'entendre tous les commentaires du guide. C'est aussi une façon, à mon sens, de vivre la visite de façon plus personnelle et "intime".
La visite d'Auschwitz se fait par blocks. Photos, documents d'époque, archives. D'autres salles vous renvoient à des images vues et revues dans les livres d'Histoire mais qui prennent "corps" là sous vos yeux.
Piles de chaussures d'adultes et d'enfants, nombre incommensurable de valises, tas de lunettes brisées, petits objets du quotidien, boîtes de Zyklon B, la terrifiante salle "aux cheveux"... L'horreur de ces masses "témoins" et de ce qu'elles sous-entendent est là, derrière une vitre.
Et puis il y a ce block où reposent des centaines et des centaines de visages. A gauche, les femmes, à droite, les hommes.
Mais finalement, que l'on regarde d'un côté ou de l'autre, tous se ressemblent. La photo indique leur nom, leur prénom, leur nationalité, leur religion... Notre guide nous invite à regarder leur date d'arrivée dans le camp et de rapidement considérer la date de décès. Un calcul bref et effrayant.
Nous parcourons le camp jusqu'aux chambres à gaz et aux fours crématoires. Sans commentaire, le lieu en dit assez.
Et puis vient l'heure de partir pour Birkenau. C'est là-bas je crois que je prends cette claque que j'appréhendais tant. Tout est là, ces rails, cette entrée que nous connaissons tous. Des baraquements à perte de vue : de ceux qui restent intacts aux ruines suggestives, l'impression reste là même. Glaçante vision.
Les mots de la guide viennent souvent combler un silence parfois pesant. Cette femme est formidable, sait interpeller chacun de nous et la visite se conclut sur des mots qui me retournent et ne me quitteront pas.