Il est de ces livres dont vous entendez parler à la radio avant de les retrouver dans les rayons de votre librairie. Ce fut le cas du Remplaçant, encensé par France Inter lors de sa sortie. J'avais à l'époque hésité à me le procurer, l'avais pris puis reposé en me disant "une prochaine fois". Et puis l'on en vient à oublier cette prochaine fois.Et un jour, par le plus grand des hasards, on tombe nez-à-nez avec la version poche, nous rappelant notre malencontreuse amnésie... Et me voilà donc, malgré ma gigantesque PAL, à réparer l'oubli.
Triple B, (Bouz, Boris, Baruch) a pris la place du grand père de la narratrice dont le grand-père de "sang" est mort à Auschwitz.
Triple B est également juif, mais a échappé à l'enfer des camps.
Triple B se fait vieux, perd la mémoire et se laisse gagner par le temps.
Alors la narratrice, en hommage à cet homme à la fois curieux, étrange et fascinant, fait le choix de raconter son histoire, dressant un portrait particulièrement touchant de ce grand-père de substitution. Ne cachant pas ses failles mais n'oubliant pas ce qu'il y a de bouleversant chez lui, elle revient alors sur sa propre enfance et sur ses liens avec cet homme qu'elle aime tant.
La critique semble unanime, parlant même de "Bijou d'intelligence" (L'Express). Si le livre a su me plaire et me toucher, je pense toutefois ne pas en garder un souvenir impérissable. Il se lit particulièrement vite et vous délivre quelques perles exquises et passages savoureux, mais ne m'amène pas malgré tout à crier au chef d'oeuvre... En revanche s'il a une qualité indéniable, c'est sa capacité à faire renaître le souvenir. Celui de nos grands-pères auxquels on ne peut s'empêcher de songer en lisant les dernières lignes et en fermant le livre, nous invitant ainsi à faire revivre ces hommes à juste titre irremplaçables.
Un petit avant-goût...
" J'entrais en sixième et je déclaraiS, très fière, à qui voulait l'entendre, que ma famille était géniale parce que nous étions tous réactionnaires. Réactionnaire, selon moi, ça voulait dire "qui réagit, qui ne se laisse pas faire", en d'autres termes, révolutionnaires. Je sentais l'incompréhension autour de moi et j'ignorais pourquoi Nathalie S. qui n'arrêtait pas de se vanter d'avoir des parents de gauche me méprisait."
"Triple B vit encore, il vit toujours, à environ quatre kilomètres de chez moi, à Paris, dans sa tour, dans son lit. Il a survécu à la guerre, aux camps de prisonniers, à la dépression, à la maladie, à ses deux femmes, à ses amis. Son talent, c'est ça, survivre, aimer ça, oser aimer vivre."
" Certains objets sont voués à nous échapper, à nous manquer, d'autres les remplacent. On veut écrire un livre et c'est un autre qui vient. On croit inventer un héros et il a la tête de notre voisin de palier. J'écris toujours l'histoire d'à côté, jamais celle que j'avais prévue. Mon arme au canon recourbé atteint rarement sa cible et tire admirablement dans les coins. Dans quel but ? Je l'ignore. Il semble que tout doive se faire à mon insu, comme pour préserver mon innocence, comme si je me méfiais de moi-même. "
L'avis du blog Les livres de Malice, celui de Chez Clarabel.
Bonne lecture ...
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